Kathleen Capriol, dite Kit, a perdu son mari le 11 Septembre : il travaillait comme cuisinier au restaurant Windows of the World. Ils étaient jeunes mariés et s’étaient installés dans un petit appartement à New York. Une voisine sûrement bien intentionnée leur a mentionné que les précédents locataires ont quitté cet appartement parce qu’ils entendaient ou voyaient des choses inexplicables.. Mais le couple s’y sentait bien….. et ils etaient heureux.

Kit a découvert peu après la mort de son mari qu’elle était enceinte. Leur fille Zoey n’aura jamais connu son père. Zoey, qui veut devenir pianiste. Zoey, la prunelle des yeux de Kit, est victime d’un accident incompréhensible et affreux : en allant à son cours de piano, accompagnée de sa mère, en descendant vers le quai du métro, l’enfant est témoin d’un suicide sur la voie. Elle s’écroule et tombe dans le coma.

Cela fait trois ans maintenant que sa fille est dans le coma à l’hôpital. Kit, dont le métier est d’être comédienne, mais qui ne décroche que de petits contrats de loin en loin, a trouvé une autre façon de gagner un peu d’argent, pour pouvoir payer l’hôpital pour sa fille.…..Elle lit les journaux le matin, et s’arrête sur les articles de « Commémorations de deuils ». Elle note, recherche tout ce qu’elle peut pour compléter sa petite enquête sur la personne dont on commémore le décès, sur les personnes qui ont fait publier l’avis, et se hasarde à téléphoner à la famille, se présentant comme ayant connu la personne décédée, ou comme ayant eu des « contacts depuis l’eau-delà ». Elle joue en quelque sorte à la fausse médium, mais elle ne veut pas de paiement lors de la première visite de la mère, du père en deuil. S’ils veulent revenir, là, elle accepte des « dons ». Elle ne cherche pas à duper complètement les personnes, elle leur offre chaleur et possibilité de parler de leur défunt. Et Kit, si elle se permet de parler « à la place » de la personne décédée, le fait en consolant les gens qui viennent la voir, et souvent leur apporte une sorte de paix. Certes, elle n’est pas médium, mais ne se considère pas comme une de ces « Voyantes » qui entretiennent un mensonge. Les gens reviennent s’ils le veulent.

Au même moment, deux inspecteurs de la Brigade des Fraudes qui enquètent sur les escroqueries à la voyance à New York ont Kit dans leur viseur. Ils envoient des personnes en deuil pour la piéger, mais impossible de la prendre en train de demander ou accepter de l’argent ! Mais ils ne s’avouent pas vaincus pour autant, quitte à employer les grands moyens.

Mais soudain Kit se rend compte de choses bizarres…La nuit elle est réveillée par des notes jouées sur le piano de sa fille… elle sent parfois des présences, mais il n’y a personne… et dans les « consultations » qui suivent, il lui arrive de perdre pied, et de voir ce que certains morts ont vu. Elle sent qu’elle aide certains défunts à sortir du noir et à entrer dans la paix… elle voit même où est l’enfant disparu dont l’auteure raconte l’histoire dans son roman précédent : « Noyade« . Elle se rend compte qu’elle a parlé pendant sa transe, apportant vraiment des conclusions à des peines infinies.

Un roman policier très agréable à lire, teinté d’humour, tout en empathie mais aussi en noirceur, et la noirceur viendrait plutôt des policiers plutôt que de la Médium ! J’ai vraiment aimé.

La Médium – J. P Smith, editions Série Noire Gallimard, 26 Janvier 2022, 375 pages, traduit de l’américain par Karine Lalechere