
Enfin le dernier Megan Abbott est sorti ! A ne pas confondre avec sa presqu’homonyme Rachel Abbott, qui est britannique..(et c’est un pseudo, en fait, pour cette dernière).
Je recommence tout doucement à écrire, après tout un mois de blocage total… de lecture.
Nous sommes dans une petite ville américaine, mais impossible d’en savoir plus. Nous sommes au début de l’hiver, il fait froid. Deux soeurs, Dara et Marie, dirigent une école de danse très cotée : à la suite de leur mère, danseuse puis professeure de danse, c’est elle qui a créé cette école, que les deux soeurs ont reprise après le décès tragique de leurs parents, il y a dix ans. Elles avaient alors dix-sept et seize ans, et dansaient depuis qu’elles pouvaient tenir debout. Elles ont repris l’école, et décidé d’enseigner comme leur mère le faisait. Et c’est une réussite. Certains de leurs élèves ont été acceptés dans des écoles prestigieuses, et elles en présentent beaucoup à des concours majeurs, avec un excellent taux de réussite.
C’est une passion artistique qui demande énormément de temps, d’investissement, et de souffrance également, jusqu’à tordre les corps à l’impossible, déformer les pieds et les faire saigner, lorsqu’on en arrive à commencer les pointes. Les apprenties ballerines commencent vers quatre ans, c’est Marie, la blonde, la douce, qui s’occupe des petites. Et des petits : il y a une moyenne de huit garçons pour environ 122 filles par année dans leur école. Il y a des listes d’attente. Les mères se bousculent au début ou à la fin des cours, avec dans les yeux cette étincelle souvent, de celles qui font comprendre qu’elles-mêmes auraient voulu être ballerines.
L’école Durand est renommée, la famille est auréolée des adjectifs « exotique » (car d’origine française) et surtout « sérieuse » et » luxueuse ». Malgré les apparences d’une façade un peu décatie, les immenses miroirs, les parquets de bois, les loges, les vestiaires tout ce bois brillant donnent à l’imagination des allures d’Opéra.
D’ailleurs, comme chaque année, l’école prépare le ballet « Casse-Noisette », où il y aura deux rôles solo pour les ados, les plus grands de 14 ans : celui de Clara et celui du Prince. Les soeurs choisissent la meilleure et le meilleur, et il est temps d’afficher les deux noms : ce sera Taylor et Colin. Casse-Noisette prend le pas sur tout. Huit semaines de préparations, de répétitions, de recherches et retouches des costumes, de blessures plus ou moins graves, de tendinites, de poussées de croissance, d’ampoules sanglantes. Lorsque Bayley est nommée, il y a pleurs, grincement de dents, attaques contre l’adolescente. Le choix de Clara demande la perfection, tout en réussissant à passer par les pièges posés par les non-choisies, qui auront pourtant un rôle : ange, fée, souris, sucre d’orge, flocons…C’est Dara qui donne les cours aux 10/14 ans. Elle est aussi dure et exigeante que sa mère l’était, jusqu’à obtenir des figures et des gestes parfaits. Mais il n’y a pas qu’elles deux. Il y a aussi Charlie, le mari de Dara. Ancien danseur, perclus de blessures, il a même cessé ses activités de professeur, et s’occupe de tout l’administratif. Et donc ce duo de soeurs est en fait un trio. Charlie ayant été recueilli par la mère de Marie et Dana, juste après sa prestation dans Casse-Noisette, il y a quinze ans, ses parents ont disparu.
L’école est un théâtre de toutes cette relation entre les deux soeurs et Charlie, un huis-clos de souffrances par et pour la danse, un endroit poétique et mystérieux, où l’empreinte de la mère et du père décédés est partout.
Une nuit, une catastrophe : le studio B prend feu, les pompiers arrivent à temps pour limiter les dégâts, mais il faut à tout prix réparer le plancher, le plafond et un mur, à 6 semaines de la première représentation de Casse-Noisette dans le grand Théâtre de la ville. C’est alors qu’entre en scène l’entrepreneur : Derek. Un homme qui porte des vêtements vulgaires, qui fait du bruit avec ses ouvriers, qui passe son temps au téléphone, qui est toujours là, qui finalement se mêle des histoires secrètes des deux soeurs, de leur vie, qui impose sa vision des travaux à faire, et qui arrive à brouiller tout le monde, avec ses désirs à lui. Lui qui ne fait rien que détériorer encore plus le bâtiment, et qui séduit Marie.
C‘est un huis-clos étouffant, dans ce bâtiment devenu branlant, où les secrets de chacun, les plus intimes, vont être menacés.
L‘ambiance un peu bizarre, un peu glauque parfois, ces rivalités sont révélatrices de jalousies, de peurs, de hontes, de secrets entre l’une et l’autre soeur, avec le souvenir écrasant de leur mère, et de ce qu’elle était. Il faut se faire à l’ambiance, magnifiquement installée par Megan Abbott, avec un grand sens des odeurs, effluves, du toucher des choses dans toute l’histoire, tout est précis et somptueusement décrit, sans aucune lourdeur.
Par compte il y a des coquilles, des fautes d’accord à hurler.
Première – Megan Abbott, ed Lattès, traduction Jean Esch,420 pages mai 2022
Tu me donnes très envie de découvrir le roman, en plus j’aime beaucoup les huis clos ^^
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Merci, bonne journée à toi !
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Tu étais bloquée ? Embouteillage de livres ?
Ravi de te retrouver en circulation en tout cas. Je ne connaissais aucune des deux Abott (seulement Abott et Costello, mais c’est autre chose). Ça m’a l’air pas mal.
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Bloquée avec impossibilité de lire…. ça m’arrive parfois, quand je ne suis pas très bien…
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Heureuse de ce retour avec de nouvelles expériences de lecture!
Je ne connais pas du tout cette auteure mais l’avis donne envie.
A suivre donc…
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Merci, bonne journée à toi !
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Je l’ai depuis sa sortie VO dans ma liseuse et il faut que je m’y plonge. Ton avis le fait remonter dans ma liste de lecture !
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Il y aura certainement moins de coquilles !!! 😁
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Bonsoir Mélie j’arrive dans ton blog en passant chez Marie des Vignes…
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Bienvenue à toi, Paola !
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Super merci Mélie!
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Je te comprends, j’ai moi même été absent un peu plus d’un mois sur la blogosphère. J’en avais un peu assez de lire et de chroniquer. J’ai eu besoin de me ressourcer. En tout cas, je suis heureux de te retrouver. 🙂
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