La vie secrète du Diogène – Thierry Mertenat et Magali Girardin

Pour continuer dans la direction vers laquelle m’a envoyée « Revenir fils » de Christophe Perruchas, j’ai commandé ceci. Et j’ai été désagréablement surprise par le format, et l’épaisseur. Et les photos, d’ailleurs aussi, mates, imprimées sur ce papier un peu gaufré. Ce livre de 14 cm x 20 cm fait juste la taille de mon ipad. C’est d’un éditeur Suisse, Labor et Fides, sorti en 2009. Les photos sont petites et peu nettes, aussi je vais en mettre ci-dessous, du même style, la seule différence est que dans le bouquin, on voit plein de sacs plastique « MIGROS ». Pour ceux qui n’ont jamais vécu en Suisse, c’est une chaine de petits supermarchés de proximité.

Il y a ici treize histoires, mais ce que j’ai à déplorer est que les deux journalistes arrivent généralement lorsqu’il y a une procédure d’expulsion, ou que les voisins ayant porté plainte à cause de l’odeur, signalent aussi la disparition de leur voisin de palier.
Toutes ces histoires, sauf une, se passent dans des petits logements dans des immeubles de Genève ou Lausanne. Donc les personnes « entasseuses » sont soit parties, soit hospitalisées. Personne n’a été retrouvé mort.
Je pose là des photos, je continue ensuite.


Voilà le spectacle habituel d’un logement d’une personne – ou de plusieurs- entasseurs pathologiques. Je suis extrêmement rétive au terme « Syndrôme de Diogène » car Diogène vivait dans la pauvreté, sans autre possession que sa sacoche. Les histoires racontées dans cet « album » sont recueillies de la bouche des personnes chargées de dégager, de tout jeter, de désinfecter. De la bouche des voisins, aussi. Pas de la famille, ni des personnes vivant dans cet entassement. Comment donc comprendre ce qui a déclenché ça, cette collectionnite, cet espèce d’entassement d’ordures, de poussière ? On ne le saura jamais. On voit que pour l’un c’était la nourriture. Pour l’autre, les poupées….. rien d’autre.. Par contre dans un seul cas, une maison hors la ville, les deux journalistes rencontrent l’homme vivant dans les lieux : c’est sa mère qui a commencé, puis est décédée, il a repris la maison et la décharge à ciel ouvert qu’est le jardin, et n’a fait que continuer. Des valises, des vélos… et les rats. Il a été hospitalisé deux fois pour ça en psychiatrie, comme pas mal des autres du livre, et on les a laissés repartir chez eux. « Pas dangereux ». Leur logement nettoyé et désinfecté n’a jamais eu besoin de plus de trois mois pour que ça reparte.

La seule chose un peu certaine qu’on ressort de tout ça, c’est que ce sont indifféremment des hommes et des femmes, parfois des couples, et que certains ont moins de trente ans. Côté psycho, psychiatrie, et histoire dite par la personne atteinte de cette maladie, juste un minuscule témoignage d’une femme recopié par une psychiatre. Moi je voulais des histoires, certes, mais du début. Et ce qu’ils collectionnaient alors. Et le moment où ces entassements deviennent leur rempart contre le monde, et une part de leur propre corps, ou de leur psyché. C’est pas là-dedans que je vais trouver…

La vie secrète du Diogène – Thierry Mertenat et Magali Girardin, ed Labor et Fides (CH) 110 pages, 25 € (remboursez !!!!)

9 commentaires

  1. Il a été donné étrangement le nom de Diogène à ce syndrome de ne rien jeter et de ne plus sortir de chez soi. Le grec au contraire allait au devant des gens, il leur parlait, il n’entassait rien et vivait dans le plus grand dénuement. Ce qui peut être aussi un trouble obsessionnel. Dans son tonneau (plutôt une grande amphore) son idée était ne rien posséder pour ne pas être possédé.

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    • Il semblerait que ce syndrôme soit obsessionnel, dans le cadre des troubles anxieux. J’attends un bouquin fait par des canadiens. Et le Pr Olivier Saladini (qui a aidé Christophe Perruchas) a fait sa thèse dessus, il doit m’envoyer des PDF.. je ne lâche pas l’affaire….

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