
Le livre commence comme une dystopie, en 2038. Les arbres et les forêts ont disparu, et désormais la poussière recouvre les terres du monde, amenant avec elle « la craqueuse », maladie des poumons mortelle. Finalement, c’est dans un futur proche. Jacinda Greenwood, appelée « Jake », gagne un salaire de misère en tant que guide touristique sur une île de la Colombie Britannique au Canada, près de Vancouver. La Cathédrale arboricole de Greenwood, ainsi qu’on l’appelle, abrite « l’une des toutes dernières forêts primaires du monde ».
La majeure partie des habitants de la planète a succombé à des orages de poussière et à la « craqueuse » (une nouvelle variante de la tuberculose) qui ont suivi « le Grand Dépérissement », la vague d’épidémies fongiques et d’invasions d’insectes qui s’est abattue sur les forêts du monde. Étranglée par la dette de son prêt étudiant, ayant fait de grandes études en écologie et dendrologie (la science des arbres) Jacinda travaille dans cette île privée qui n’accueille que des touristes fortunés, attirés par les plus vieilles créatures du monde qui existent encore : les arbres. Et c’est là qu’un jour, un ancien petit ami vient la voir, en lui disant qu’il est bien possible que cette île lui appartienne, à elle, elle en serait l’unique héritière.
Et on bascule en arrière, en 2008. C’est le père de Jacinda, qu’on découvre, charpentier ébéniste de grand talent, et sa spécialité est de ne travailler qu’avec du bois récupéré, racheté pour presque rien, mais de grande qualité. Il parle de son travail, et repense beaucoup à sa propre mère, Willow, qui l’a baladé dans son combi-camionnette toutes ces années, de son enfance à la fin de son adolescence. Un saut en arrière encore, on est en 1974, c’est comme une chronodendrologie, à savoir l’examen de la coupe d’un arbre, qui raconte son histoire depuis l’écorce jusqu’au milieu, et on peut y distinguer différentes couches, de différentes largeur et couleur, suivant les conditions climatiques, qu’il ait plu beaucoup, qu’il y ait eu des sécheresses, du feu, aussi.


En 1974, c’est la vie de Willow, mère de Liam, grand-mère de Jake, qu’on rencontre et qu’on découvre, baba-cool itinérante, activiste et militante contre la déforestation, végane, qui traine son enfant d’un bout à l’autre du Canada dans sa camionnette, vivant de presque rien, allant de communauté hippie en communauté hippie, et honteuse de son nom de famille, Greenwood, une des plus grandes fortunes du commerce du bois. Pour tous les pays du monde et pour tous les usages, industriels, pour le transport, pour la vie domestique. Et puis on recule jusqu’en 1934, la partie à mon goût la plus touchante et la plus remarquable : l’époque du père de Willow, arrière-grand père de Jake, Harris, celui qui a fait fortune en abattant des millions d’arbres pour fournir le monde.
Sur quatre générations, toutes liées par les arbres et le bois, on découvre ce qu’on peut faire de l’écosystème, des forêts, des arbres. Et ce qu’on peut faire des êtres humains. Ce qu’on peut leur transmettre. Intrinsèquement reliées comme les cercles de croissance d’un arbre, les générations d’une famille sont peu à peu mises au jour, depuis le début des années 1900. C’est extrêmement dur, poignant, incroyablement documenté, d’une perfection et d’une beauté incroyables. Et on comprend pourquoi les futurs réfugiés climatiques se dirigent vers le Canada, qui recèle encore une grande partie de ces forêts qui servent de poumon au monde.
Un livre puissant sur l’homme et son futur, s’il ne respecte plus la richesse de la planête.
Magnifique.
Un grand merci aux éditions Albin Michel, spécialement à Francis Geffard, directeur de la magnifique collection « Terres d’Amérique »
Lorsque le dernier arbre -Michael Christie, ed Albin Michel collection « Terres d’Amérique », sortie le 18 Août 2021, 608 pages
J’ai trouvé des tas de trucs sur le sujet, dont ceci :
c’est la 2e critique enthousiaste que je lis en 24 h (ou 48?) ce roman m’a tout l’air d’être un incontournable de la rentée et « Terres d’Amérique » est une collection qui me plaît.
Donc je l’ai noté, je vais essayer de le trouver … j’ai quelques romans de la rentrée qui m’attendent et je voudrais lire avant « L’arbre monde » pour bien m’imprégner 🙂
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Je n’ai pas lu « L’arbre Monde », mais beaucoup pensent à quelques autres livres et l’y associent. Mais si j’ai moins accroché au chapitre sur 2038, le reste est magnifique.
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Il est dans mes prochains et j’ai hâte hâte hâte ❤️
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❤️❤️❤️
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Je ne lis pas ta chronique pour l’instant. Je préfère entamer ma lecture sans à priori.
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Tu as raison, je fais souvent la même chose !!
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Je le lis en ce moment même et j’aime beaucoup 🙂
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❤️❤️❤️
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Que de bonnes critiques sur ce livre! Certainement un incontournable de cette rentrée.
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Je crois bien !!!
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Oh, ta chronique me donne envie, je le note !
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Je pense que ce livre ne passe pas inaperçu, j’ai déjà croisé 3 autres chroniques ce matin, sur des blogs amis !
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[…] en parlent également : Yvan, Frédéric, Aude, Stéphanie, Mélie, Baz’Art, Azilis, Nicole, Nikita, Pamolico, L’homme qui lit, La binocle, […]
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