L’hiver de Solveig – Reine Andrieu

J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une Opération Masse Critique Babelio, en partenariat avec les éditions Préludes. Il faut bien dire que lorsque je l’ai reçu, sa couverture m’a un peu dérangée: cette illustration de manoir au fond d’un parc, avec des rangées de roses le long d’une clôture, et le dos et la 4e de couverture couleur fuchsia, je me suis dit que j’étais (mal) partie pour une romance à l’anglaise style Barbara Pym -voire Barbara Cartland. Mais en lisant le résumé, ce n’est pas du tout ça. Il y a une réelle distorsion entre le contenant et le contenu, si j’ose dire, et c’est embêtant, je trouve. Ce roman se passe pour une très grande part pendant la deuxième guerre mondiale, ou juste après…

L’histoire : Été 1940. Dans la France occupée par les Allemands, les habitants sont contraints de donner gîte et couvert à l’ennemi. À Lignon, paisible bourg du Bordelais, les Lenoir, une famille de notables, doivent héberger Günter Kohler. Passée sa répulsion première, Noémie, la jeune épouse, éprouve une violente attirance pour l’adjudant qui vit désormais sous leur toit.
Printemps 1946. La guerre est terminée, mais elle a laissé derrière elle son lot de malheurs, et de nombreux déplacés. Parmi eux, une fillette, retrouvée assise sur un banc, dans un village non loin de Bordeaux. Qui est-elle ? d’où vient-elle ? et pourquoi semble-t-elle avoir tout oublié ? Justin, un gendarme de vingt-quatre ans, décide de la prendre sous son aile et de percer le mystère qui l’entoure.

Je suis sûre que je vais trouver l’expression « roman choral » dans d’autres chroniques de lecteurs, il semblerait que les qualificatifs du genre soient très à la mode. Comme le « whodunit » dont je ne suis pas encore remise. Heureusement que ce terme n’apparaît pas dans le résumé, j’aurais bloqué immédiatement. Mais là, ça passe parfaitement bien.

Je ne peux pas dévoiler grand chose de l’intrigue, ce serait « spoiler ». En 1946, une fillette de dix ans est retrouvée sur la place d’un village, dans le Bordelais. Elle est couverte de meurtrissures, elle est sale et semble affamée. Elle est amenée à la gendarmerie, parce qu’elle ne se souvient de rien même pas de son nom. Elle ne sait pas d’où elle vient, elle dit juste qu’elle est « passée par la forêt ». Pourtant, les gendarmes font des recherches dans les environs, aucune petite fille n’a disparu. Qui est-elle ? C’est Justin, très jeune gendarme du village qui la recueille, qui essaie de la faire se souvenir, mais la petite fille, malgré son intelligence visible, ne se souvient d’absolument rien. Alors pour qu’il y ait une façon de lui parler, il l’appelle Angèle, un prénom qui plaît à la petite. Et il la gardera les week-ends, en attendant elle ira au petit pensionnat du bourg, chez les soeurs.

Plus loin, on fait connaissance avec un couple de notables, Jean, le médecin, et sa jeune épouse, en 1940. Ils ont deux jeunes enfants, des domestiques, une servante, une cuisinière, un jardinier, qui prennent part au récit… Ils vivent dans une très grande maison, un grand jardin où des légumes poussent, leur évitant la faim que beaucoup commencent à rencontrer.. Un jour, ils apprennent qu’ils vont devoir accepter de partager leur maison avec des officiers allemands. C’est un jeune lieutenant allemand qui arrive, Günther. Il est extrêmement gentil, poli, discret, cultivé, il parle français couramment, il admire les écrivains et artistes français et là on sent de suite arriver l’inévitable : la jeune Noëmie et lui tombent amoureux, car le mariage avec Jean est plutôt arrangé.
Nous faisons également connaissance avec Solveig, vieille dame, veuve, actuellement, en 2011. Tous ces personnages vont entremêler leur histoire tout au long du roman, entre 1940, 1946 et 2011. La lecture est facile, c’est assez distrayant, mais pour moi c’est surtout plein d’invraisemblances : l’Allemand, si gentil, ne bouge quasi pas, et il est à moitié juif. On a vu tellement comment les nazis remontaient à la 4e génération pour débusquer les gens qui ont la moindre goutte de sang juif…. alors, un officier dans la Wehrmacht !!
L’autre grande invraisemblance est que soudain la jeune femme est envoyée à vélo porter des messages aux résistants, et en ramener chez elle… alors qu’elle ne connait rien, visiblement, à la sécurité des groupes de résistants !!

La lecture est assez agréable, mais la quantité d’invraisemblances est telle que je suis très mitigée dans mon jugement. : bien, mais.

L’hiver de Solveig – Reine Andrieu, ed. Préludes, 440 pages, février 2021

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