Trois petits tours – Hélène Machelon

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J’ai reçu ce livre après avoir été, je dois l’avouer, assez dure avec l’auteur qui m’a contactée, parce que je ne voulais pas le lire parce qu’il est autoédité, (je crois), que je ne voulais rien lire sur écran (je ne PEUX pas, cause migraines), etc. J’ai accepté mais sur format papier. Et là, surprise, très bonne surprise : couverture souple mate, toucher pêche, et le papier ivoire à l’intérieux, parfait. Un bel objet – livre.

Je devais terminer « La Cité de l’Orque », mais… dans la nuit j’ai posé l’orcamancienne de Sam J. Miller pour prendre « Trois petits tours », d’Hélène Machelon.

Sur la couverture il est écrit « Autofiction ». Ce qui veut dire qu’on parle de soi mais qu’on invente aussi.  J’avais lu sur Babelio que ce livre parlait de la perte d’un petit enfant après un séjour hospitalier.  

Lorsqu’on commence le livre, on se demande si c’est vrai ou pas. Puis l’on voit la dédicace à une petite Jeanne qui a quitté cette vie.. et on se rend bien compte qu’il y a une histoire vécue, là-dessous.

Les chapitres, courts mais denses, font parler les divers acteurs qui ont entouré la petite Rose et ses parents, ces derniers mois. Rose, petite puce et « bébé bulle », dont on vient d’arrêter les soins, qu’on va « débrancher » dans une minute, car tous les protocoles de soins ont été essayés pour la soigner, la guérir, et se sont avérés sans effet. La pédiatre, d’abord, qui doit aller expliquer aux parents qui n’ont pas bien compris la fin inéluctable de leur enfant, lorsqu’elle a été descendue au service réanimation. La Pédiatre qui a une boule dans la gorge, comme à chaque fois qu’un drame de ce genre arrive. La Pédiatre, qui doit dire aux parents : votre enfant est en coma dépassé, il n’y aura jamais de mieux.. Puis la mère, qui assiste effarée, avec son mari, à l’arrêt des machine et voit son enfant partie dans ce même instant. Cette mère à qui l’on demande d’un ton gêné si elle peut « débarrasser la chambre », cette chambre d’hôpital dans laquelle ils ont vécu des mois à trois, tout prendre.

Et rencontrer là la jeune femme qui fait le Clown toutes les semaines, que la petite Rose aimait bien, qui va foncer vers la maman avec un grand sourire, que la mère va lui faire « ravaler » en lui disant  » Rose est morte ce matin ». Puis l’infirmière, la devouée, que le décès de Rose va dévaster aussi, et tout ce microcosme : l’amie, maman d’un petit garçon leucémique de la bulle d’en face, la secrétaire peau-de-vache qui a décidé de s’en foutre, des familles qui viennent de perdre un proche : c’est pas tout ça, il y a des formulaires à signer…

On se demande pendant cette lecture qui est l’auteure : la mère? L’infirmière? La Pédiatre ?  On essaie de se mettre à la place d’une mère, d’un parent qui vit ça, et moi je n’en connais pas. À part la maman de la petite Wonder Augustine (décédée d’un gliome cérébral à 4 ans, dont les parents faisaient tout pour le bien être de leur fille, de la petite soeur, et levaient des fonds pour la recherche dans les cancers pédiatriques). À part cette maman, dont j’ai lu sur facebook les dernières semaines près de son enfant, une chose que je ne referai plus tant on se sent nul de ne pouvoir faire quelque chose qui sauverait cette petite, tant on essaie de montrer du soutien, tant on ne sert à rien..

L’auteure rend ici un formidable hommage aux acteurs de santé d’un service de maladies pédiatriques, à ceux qui accompagnent l’enfant et les parents, l’aumônier, le thanatopracteur, si investi de sa mission, si tendre avec ces enfants… et aux parents qui ont vécu ce drame. Loin d’être un livre qui tire des larmes (même si c’est infiniment triste), ce livre, par son parti pris de récit choral, se démarque de tout ce que j’ai pu lire jusqu’ici. 

Le style est sobre, et malgré mon oeil critique qui n’a relevé que quelques adjectifs en trop au début, j’ai vite lâché cette retenue du second degré et j’ai plongé dans le récit. 

Aucun doute, ce livre est une réussite. Et un coup de coeur.

Trois petits tours – Hélène Machelon, editions Librinova, 137 pages, Juillet 2019, 11,90€

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 commentaires

    • Non, justement, je n’ai pas trouvé du tout que c’était un livre pour faire pleurer dans les chaumières. Rien sur l’âge de l’enfant ni description de ce qu’elle a pu subir. Ce sont les personnes qui ont accompagné cette famille qui parlent de leur ressenti. Ce n’est absolument pas mièvre !

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