Etudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu’au jour où lors d’un stage, en 2003, dans un cabinet d’avocats en Louisiane, une avocate passe une vidéo aux stagiaires. Dans cette vidéo, les aveux et le procès d’un homme, Ricky Langley, vont entrer en résonnance avec le propre corps de l’auteure, avec ses propres blessures. Cet homme, à l’écran, est un pédophile. Et il doit être re-jugé pour le meurtre d’un petit garçon. Échappera-t-il à peine de mort, sera-t-il considéré comme fou et à ce prix écopera-t-il de la perpétuité?
La mémoire d’Alexandria lui revient en une nausée : elle a été victime d’attouchements de la part de son grand-père, pendant toute son enfance. Ses soeurs aussi. Les parents s’en sont rendu compte lorsque la dernière, à 4 ans, l’a expliqué. Mais rien ensuite. Rien. À part que les grands parents ne gardaient plus les enfants. Alexandria creusera et cherchera ce qu’elle pourra glaner sur ce Ricky Langley. Et elle refait l’enquête. Raconte la vie de Ricky Langley, selon les vidéos d’interrogatoire, les minutes du premier procès, les témoignages des proches qu’elle ira chercher, en Géorgie et en Louisiane.
Et au travers de cette enquête, Alexandria Marzani-Lesnevich va se chercher elle-même, se remémorer des moments d’enfance difficiles et irracontés, des moments où elle aurait aimé que sa grand-mère retienne son mari, pour qu’il n’aille pas voir les petites filles. Pourquoi personne n’a rien dit ? Pourquoi ce secret ? Comment ces horreurs peuvent-elles se passer sans que personne ne voie, n’entende, ne parle ? A quoi pensait donc son grand-père ?
Je ne comprends pas bien pourquoi les Éditions Sonatines ont choisi de traduire par le mot L’Empreinte, le titre du livre américain qui est : « The Fact of a Body, a Murder, a Memoir ». C’est un récit, c’est une enquête. C’est écrit en tout petit sur la couverture.
Elle dit qu’elle fait ce travail de mémoire en écrivant ce livre, pour son grand-père, pour Bessie (la mère de Ricky Langley) et pour Lorilei (la maman du petit garçon assassiné).
Pour la lecture, il faut s’accrocher, au début, l’auteure fait des sauts dans le temps (mais chaque chapitre est daté), et raconte son histoire et celle de Ricky, en différents chapitres, de l’enfance, ou même avant, à l’âge adulte. L’auteure se rend compte qu’elle a parfois envie qu’il soit condamné à mort. Contre toutes ses convictions.
Ce récit est celui d’une enquête précise pour comprendre ce qui a pu se passer depuis avant même la naissance très particulière de Ricky, pourra expliquer à la fois la pédophilie, et le meurtre.
Elle ira sur ses propres traces, aussi. Parce qu’il y a un secret qui date d’avant sa naissance, aussi.
L’auteur a stoppé ses études de droit pour pouvoir écrire ce livre. Qui lui a pris dix ans.
« Dans la lignée de séries documentaires comme Making a Murderer, ce récit au croisement du thriller, de l’autobiographie et du journalisme d’investigation, montre clairement combien la loi est quelque chose d’éminemment subjectif, la vérité étant toujours plus complexe et dérangeante que ce que l’on imagine. Aussi troublant que déchirant. »
Oui, troublant, déchirant, triste, prenant, haletant, ce livre est très bien écrit et m’a happée dès la première page. Je l’ai trouvé magnifique de justesse et de pudeur, et profond à la fois, dans l’exigence de tout connaître, et nous le raconter.
J’aurai un petit bémol cependant : la troisième partie, le nouveau procès de Ricky est un peu long, car de nombreuses redites dues à l’enquête déjà racontée de l’auteure. Mais ce livre est devenu un phénomène, au moins dans la blogosphère : lisez-le !
L’empreinte – Alexandria Marzano-Lesnevich Éd. Sonatine, 470 pages, 2019, 22€
Tu as raison, un phénomène ! Mais une lecture très difficile pour ma part…
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Oui, je pense que ceux qui ont été victimes, ou connaissent une victime de ce genre de types, ça doit être ifficile…
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Voilà…
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Je comprends.
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Un livre que je lirai mais je choisirai le moment…… 🙂
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Oui, je m’aperçois que ce n’est pas facile pour tous…
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En plus il est énorme ! 470 pages on ne voit pas ça souvent. Merci pour ta critique
Envoyé de mon iPhone
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Oh ? Je suis dans un de la même taille et un de 800 pages de SF !!!!
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