Clèves est le nom de la bourgade où vit Solange, quelque part vers le Pays Basque..
Nous sommes donc en province, au Sud, pas loin d’un océan où l’on surfe (on aura reconnu le Pays Basque, cher à l’auteur). La petite héroïne, Solange qui n’a pas les yeux dans ses poches, ni l’intelligence en veilleuse, se débat entre une « école obsédée par le sexe » – on n’y pense qu’à ça, on n’y parle que de ça, dans les termes les plus crus – et des parents pour le moins absents (un père volage, hâbleur, rarement là et une mère dépressive : Solange passe la plupart de son temps chez un voisin, un adulte un peu étrange).
Surviennent enfin les règles : il n’en a jamais été écrit comme cela. Loin de tout lyrisme féministe mièvre ou exalté, d’une manière à la fois précise et dérangeante parce que brutale, non métaphorique et surtout assez enfantine pour déranger encore plus.
« Le faire »
Évidemment, le premier épisode passé, cela devient la grande affaire. Il faut choisir le garçon qui procédera, ou se laisser choisir (Solange a-t-elle seulement le choix ?). Stratégie, tactique, séduction. Copines et confidences. Le village devient une vraie Cour, avec ses intrigues, ses renversements d’alliance (d’où le titre).
Dans le cas qui nous occupe, et sans entrer dans les détails, ce ne sera pas vraiment une réussite. Il faut donc sans tarder le refaire.
« Le refaire »
Solange n’a plus dix ans, mais elle n’a pas encore seize ans. Il n’empêche, elle ne pense plus qu’à ça. Comme la précédente, mais davantage encore, cette partie montre les filles en proie aux garçons, la soumission des unes et la brutalité des autres. Alors Solange va trouver à son tour sa victime à elle auprès de qui elle devient une Lolita sans scrupules.
Clèves est un texte extrêmement perturbant, qui met au service d’un réalisme radical une rare inventivité littéraire. Marie Darrieussecq y décrit un monde d’enfants en mutation, loin des adultes qui ne voient rien et qui, quand ils voient, ne comprennent rien. C’est violent, beau, drôle et cruel.
Surtout dérangeant, mais pourquoi pas. Un style haché mais qui ne gene pas la lecture, un vocabulaire trash mais finalement compréhensible pour une famille vraiment de bas étage, mais pour les femmes, quelques épisodes qui refont penser aux questions qu’on se posait, aux abords de l’adolescence.
A ne lire que si l’on a l’habitude de l’écriture de cette auteure, ou des écrivains ou écrivaines étiquetés dérangeants.
Clèves – Marie Darrieussecq, Folio 2013, 237 pages
Une lecture qui a l’air super perturbante, peut-être un peu trop pour moi… Je ne sais pas trop si j’aurai le courage de me lancer mais merci pour ta chronique qui me fait sortir de ma zone de confort.
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C’est TRÈS cru. Honnêtement, je sais que ce n’est pas pour tout le monde. Mais tu vois, autant je déteste les grossièretés sexuelles dans la plupart des romans, autant ça passe dans celui-là, qui en est rempli. Je ne suis pas une grande fan, mais c’est un autre genre, deuxiëme pour moi après Truismes… de temps en temps, pas plus, ce genre-là. Et longuet, un peu.
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Cela prouve que ce côté cru s’intègre bien dans l’intrigue même si ça limite le public…
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« Une seule fois ne suffit jamais, surtout en l’occurrence » cette tournure de phrase me parait étrange.
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