« Le 1er novembre 1968, alors que nous nous promenions sur les rochers qui surplombent la Chambre d’Amour à Biarritz, ma soeur aînée a été emportée par une vague. Elle avait vingt ans, moi quinze. Il aura fallu un demi-siècle pour que je parvienne à évoquer ce jour, et interroger le prodigieux silence qui a dès lors enseveli notre famille. Je suis parti à la recherche d’Annie. Je l’ai vue revenir intacte dans sa fougue, ses doutes, ses enthousiasmes, ses joies et ses colères : une jeune femme d’aujourd’hui. »
Jean-Marie Laclavetine
Ce livre est le récit d’une enquête, d’une levée du silence sur Annie, la grande soeur de l’auteur, morte noyée à l’âge de vingt ans sous les yeux de deux de ses frères, Bernard et Jean-Marie, et de son fiancé Gilles.
Depuis toujours, depuis ce moment-là, Jean-Marie Laclavetine sait qu’il va devoir parler de cette soeur dont absolument personne ne parle plus dans la famille. Ni ses grands-parents, ni ses parents, ni ses frères. Il y a bien une photo dans un cadre, qui montre les trois frères et Annie. Et lorsque des amis demandent à l’un des garçons « Mais qui est cette fille? »; le dernier de la famille, Dominique, répond « Une amie de la famille ». Parce que le silence est tel que la femme de l’auteur ne saura qu’au bout de 6 ans qu’il avait une soeur. Quant à parler de sa mort, c’est même pas la peine. A tel point qu’une nièce de J.M Laclavetine, demandant à sa grand-mère « c’est qui la fille sur la photo? », prendra en guise de réponse une baffe magistrale.
Lorsqu’en 2018, après la mort de ses parents, l’auteur décide d’écrire sur sa soeur Annie, il se rend compte qu’il n’a que très peu de souvenirs. Il va devoir chercher. Et sa fille ainée, Lise, va l’aider, tant le silence autour de cette tante absente l’étouffe.
Ce livre est le récit pratiquement chronologique de son « enquête » pour faire enfin vivre le souvenir de sa soeur Annie en vie, en s’appuyant sur les témoignages qu’il ira chercher chez ses frères, pourtant silencieux depuis 1968 sur le sujet, chez la meilleure amie d’Annie, les efforts pour retrouver Gilles, le fiancé, les indices dans les lettres de ses parents car le père, cheminot, partait souvent ; et de souvenirs en souvenirs il apprend aussi de sa propre enfance.
C’est un livre tendre, si tendre et si rempli de clarté. On est pris par ce récit, et nous aussi, nous voulons connaître cette jeune fille, qui aura toujours vingt ans, entre 1948 et 1968. Une jeune fille avec ses peines, ses joies et ses colères. Une jeune fille à qui l’auteur (et toute sa famille) rend la vie.
Écriture fluide et franche, simple et surtout si pleine de tendresse familiale, sur quatre générations. À lire. C’est extrêmement émouvant.
Une amie de la famille – Jean-Marie Laclavetine, Gallimard, 188 pages, Avril 2019, 18€
Oublier, se cacher la triste vérité pour réussir à survivre…
combien de secrets de familles, de non dits, de noms tus,
la brutalité d’une disparition peut-elle entrainer…?
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C’est terrible cette histoire !
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L’auteur découvre plein d’indices, de souvenirs, aidé par sa famille, à la fin on la connait, cette Annie.. ce qui débloque 50 années de silence. C’est une belle histoire, je trouve. Cet auteur a écrit des tas de romans, je ne le connaissais pas jusqu’a ce que je tombe sur ce livre. C’est écrit simplement, j’aime beaucoup…
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