L’auteur : Éric Fottorino est un journaliste et écrivain français, né en 1960.
En 1986 il entre au Monde où il effectuera dès lors une grande partie de sa carrière.
En 1991 il sort son premier roman, « Rochelle », et publiera bien d’autres ouvrages, romans, documents et essais. Il a remporté de nombreux prix littéraires et le Prix Amerigo Vespucci pour « Coeur d’Afrique ».
Eric Fottorino est le fils d’une infirmière, Monique Chabrerie, enceinte à 16 ans d’un juif marocain qu’elle ne pourra pas épouser. Elle épousera plus tard un kinésithérapeute, Michel Fottorino, qui donnera son nom au petit Éric Bruno. Il passe son enfance à Bordeaux.
C’est de là que part le roman. Un roman très personnel pour l’auteur, qui maquille à peine les noms et prénoms. Un jour, sa mère, Lina, réunit ses 3 fils et leurs compagnes et leur avoue un secret : elle a été obligée d’abandonner un bébé à la naissance, et ceci entre la naissance d’Eric et celle de son frère cadet. Elle n’a même pas pu toucher l’enfant, n’a pas de photo, ni de nom.
Les réactions sont diverses, à cette annonce, cet aveu, cette culpabilité.
La réaction du narrateur sera de partir, lui, seul, sur les traces de sa propre naissance, sur les traces de cette Lina de 17 ans, enceinte, envoyée loin de sa famille, de son quartier, de son milieu pour cacher cette grossesse que sa mère ne saurait voir.
Il sait qu’elle a passé du temps à Nice et autour, il a quelques pièces du puzzle. À lui de remplir les blancs, se dit-il.
Extrait : « Le jour s’étire comme un vieux chat. Je me suis engagé à pied dans l’avenue Jean-Médecin, loin de l’état civil et de ses papiers introuvables. Une odeur de citronniers me poursuit depuis la place Masséna. Je te vois mieux à présent que je respire l’air de tes dix-sept ans. L’imagination est un fil solide. Tu as actionné un tourniquet de cartes postales dans une rue étroite d’où tu aperçois la façade massive du Ruhl. Tout est imprimé en noir et blanc, sauf cette vue sur la coupole rose du Negresco. »
Mon avis : J’ai aimé cette démarche, cette idée. J’ai beaucoup aimé cette poésie, cette façon de nous emmener dans les senteurs, les couleurs, les petites rues de Nice et des alentours. Par contre j’ai trouvé cette quête, au bout d’un moment, ennuyeuse. Ce voyage aurait pu être onirique. Je n’ai pas trouvé que ce fût le cas. À force de flashbacks, à force de se mettre dans le « tu » et aussi dans le « je », j’ai perdu mon intérêt pour ce livre. Je me suis perdue dans ces allers-retours dans le temps et dans l’espace, j’ai vraiment dû m’accrocher pour aller jusqu’à la fin.
Gallimard, Rentrée Littéraire 2018, Juillet 2018, 263 pages, 20,50 €