La petite ritournelle de l’horreur – Cécile Cabanac

Ce livre, je l’ai vu passer de nombreuses fois sur les blogs ces deux derniers mois, et moi aussi, j’ai été tentée, je l’ai acheté. Et voilà comment on se risque à la lecture d’un thriller beaucoup aimé par les autres. Mais…. j’ai adoré. J’ai vraiment été emportée dès les premières lignes. Et ça, c’est très important. Combien de thrillers ou polars ai-je laissé tomber, abandonné, parce qu’à la page 30 il ne se passait toujours rien ? Des dizaines. Des centaines je suis sûre, en fait. Ici, avec « La petite ritournelle de l’horreur », Cécile Cabanac m’a pratiquement prise par la main et entrainée dans une histoire horrible, noire, mais très entraînante. J’allais dire un poncif : haletante. Le bonheur, quoi, pour tout amateur de polars, de suspense, d’horrifique même. Une immense réussite. Je vais juste résumer le début de l’histoire. Pour ne pas spoiler.

Un homme un soir, en rentrant du travail, va dans la maison qu’il vient d’acheter, une maison à l’abandon que lui et son épouse ont acheté un très bon prix. Parce qu’il a des enfants, et sa femme est enceinte de huit mois, ce sera mieux que de vivre entassés dans l’appartement qu’ils louent. Il faut abattre des cloisons, et, armé de sa masse, il commence à frapper sur un mur. À un moment, il croit apercevoir un chiffon bleu qui dépasse du trou qu’il est en train de faire dans ce mur. Il s’approche, une odeur insoutenable, et c’est le cadavre d’une fille qu’il met au jour. Il appelle la police, et au cours de la nuit, la maison, éclairée par les gyrophares, est passée au peigne fin par les techniciens de la police, qui découvre deux squelettes d’enfants dans le mur, en plus de ce corps d’adolescente. Qui sont-ils ? Pourquoi ? Qui a fait ca ?
En intercalant les histoires des protagonistes de cet épouvantable fait divers, de la Commandant Virginie Sevran (le parti pris de garder le grade au masculin, car il reste masculin, me plaît beaucoup, par ces temps de terrorisme du politiquement correct ambiant), son équipier Biolet, futur papa, les autres policiers dont Dombard et ses propres démons qui le poussent à faire les va-t-en-guerre, les difficultés de l’enquête et leur propre vie, font que le récit coule tout seul.

Les âmes se dévoilent, les morts ont leur histoire, l’histoire horrible de gamins placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, anciennement DDASS, sans suivi, les assistantes sociales débordées, celles incapables de faire leur travail, les enfants qui ont beau parler sont rarement écoutés, c’est toute la misère de ce système mal foutu qui est exposée ici. Tous les risques de maltraitance, tous ces enfants perdus.

C‘est vraiment très bien écrit, c’est prenant, c’est, poussé à son paroxysme, ce qui peut arriver à des enfants placés dans des familles d’accueil pratiquement jamais contrôlées. (Pensons à l’affaire Emile Louis)…Ecrit avec beaucoup d’humanité, malgré la noirceur, il faut avoir le coeur bien accroché, mais c’est une réussite. Bravo.

La petite ritournelle de l’horreur – Cécile Cabanac , ed Fleuve Noir, 475 pages, Janvier 2022.

9 commentaires

  1. Tu m’intrigue ! J’ai toujours des réticences à explorer les intrigues avec enfants, mais je fais aussi confiance à certains auteurs, notamment je viens de recevoir Antoine de Christian Blanchard. Mais j’hésitais avec Cécile Cabanac. Je me laisserais peut-être tenter 😉

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    • Ce n’est pas trop « gore » ni sexuellement exposé, mais on comprend, par périphrases.. de toutes façons les victimes premières sont les plus faibles, partout dans le monde, donc en premier les enfants… les gens handicapés, les femmes…

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  2. J’ai découvert Cécile Cabanac avec son premier roman « Des poignards dans les sourires », première enquête de l’inspectrice Sevran. Roman que j’avais beaucoup apprécié.

    Je lirai peut-être « La petite ritournelle de l’horreur ». Je travaille avec la PMI et en lien avec l’ASE. Je découvre des situations familiales que je n’aurais jamais imaginées. Oui les services sont débordés, limités parfois dans leurs actions. Le problème, à mon avis, c’est que les travailleurs sociaux travaillent sur de l’humain mais que les pouvoirs publics pensent coûts et rentabilité.

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