Ouvre ton aile au vent – Éloi Audoin-Rouzeau

À peine reçu, tout de suite lu, d’une seule traite, ce roman court, presque une novella, un ovni poétique, une fable… c’est un moment rare que la lecture de ce livre.
Le roman s’ouvre dans un futur proche, et l’on lit : « vingt ans après les évènements ». Les évènements, en italique. Ces évènements sont une pandémie, suivie d’une sorte de virus aviaire, qui a décimé tous les oiseaux, sauvages ou domestiques, et beaucoup d’animaux. Beaucoup d’humains aussi.
Cette histoire, comme un conte, raconte un épisode très attendu par les Parisiens : La Grande Chasse. Dans une ville où la plupart des restaurants ont fermé, faute de nourriture, seul « La Tour D’Argent » a tiré son épingle du jeu, recevant les richissimes et les grands de l’État. Et du clergé, car la foi a repris comme jamais.
Les seuls volatiles ayant survécu sont les canards de Challand, petite troupe très surveillée par les forces de police, il est interdit d’y toucher. Et une fois l’an, l’État en prélève un, que le Chef de la Tour d’Argent va relâcher d’une des fenêtres du restaurant.. Les cloches sonnent pour le début de la Chasse, et celui qui l’attrapera à mains nues, sans arme, pourra le manger en tête à tête avec le Président. Et recevra une bonne somme de francs-neufs.
Cette journée est aussi un jour de grande kermesse, de boisson et de débauche, c’est le vrai charivari dans Paris, au milieu de la mêlée qui suit le canard qui vole de toit en toit, de bâtiment en clocher. Toute la france suit l’évènement à la radio, le seul média qui reste, le canard est suivi par un vieux drone qui le filme, tout est commenté à la radio.
On croise des personnages qui traversent Paris, vidé de ses habitants qui pour le seul jour où on peut faire la fête, se sont recentrés soit dans les bas-fonds dont le Jardin du Luxembourg, hanté de drogués, voleurs, tire-laine et vieilles personnes et l’immense mêlée qui suit les déplacements du canard, chacun avec sa petite radio pour écouter les commentaires. L’oiseau passe de toit en toit, de monument en fontaine, se perche au bord des fenêtres les plus hautes, sous les toits de Paris, on y croise Rimbaud, Verlaine, Apollinaire… on y croise aussi la Sorcière de la Rue Mouffetard en un clin d’oeil à Pierre Gripari, et au milieu de cette poésie on voit ce Paris devenu tellement triste qu’on en serait aux larmes. En un voyage dans les quartiers historiques de Paris, on est revenus au Moyen-Âge, à Notre-Dame de Paris, aux Enfants du Paradis… le style d’Éloi Audoin-Rouzeau, simple, avec un petit côté désuet fait merveille pour parler d’époques différentes, et d’un futur dont on ne veut pas…

Ce livre est une fenêtre sur un possible atroce et sur des souvenirs qu’on ne trouve plus que dans les livres. Une petite merveille envoyée par l’Opération Masse Critique de Babelio, en partenariat avec les éditions Phébus.

Ouvre ton aile au vent – Éloi Audoin-Rouzeau, editions Phébus, sortie 19 Août 2021, 144 pages

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