Les orages – Sylvain Prudhomme

« Lorsque j’ai rencontré Ehlmann, il était debout sur le bord de la route, sa voiture garée en catastrophe sur la bande d’arrêt d’urgence, feux de détresse allumés. J’ai vu qu’il souriait, que tout son visage était tordu de larmes et de rires à la fois, j’ai pensé qu’il était fou. »

Après « Par les routes », le roman de Sylvain Prudhomme en 2019, qui m’avait vraiment éblouie par son style, sa façon d’aimer ses personnages jusqu’au plus profond, j’ai acheté « Les orages » dès sa sortie. J’y ai découvert treize histoires, treize moments, treize éclats de lumière dans lesquels des personnages vivent un moment important, ou bouleversant, ou intime, même une femme prenant son bain juste avant de quitter l’hôtel de ses vacances…

Cet homme, par exemple, rencontré par le narrateur au bord d’une route, pleurant et riant à la fois, qui se rendait compte, d’un coup, que sa vie changeait grâce à la guérison de son fils de 5 mois, après quinze jours de terreur, enfin la lumière… ou ce vieil homme qui refuse d’accepter qu’il perd un peu la tête, et qui décide, au grand dam de son fils, d’aller chercher son taille-haie électrique pour tailler la haie, pourtant devenue trop grande pour lui… Awa, beauté sénégalaise qui a économisé toute sa vie pour ouvrir un salon de coiffure, l’homme qui a vendu son appartement, et en fait un dernier tour pour se rappeler de tout ce qu’il y a vécu…

C’est avec profondeur, par petites touches pourtant légères, que l’auteur effleure ces personnages à un moment privé, personnel, dont ils se souviendront. Ces histoires sont belles, simples, et poétiques. J’ai beaucoup aimé.

Les orages – Sylvain Prudhomme, ed l’Arbalète/Gallimard, 173 pages, Janvier 2021

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