Chroniques d’une station-service – Alexandre Labruffe

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Livre envoyé gentiment par les ed. Verticales.

 

En 189 fragments et quelques lettres de l’alphabet, l’auteur m’installe dans une station-service ouverte jusque pas d’heure dans un quartier désert où seul un vieil hôtel décati de bord de route marque le bout de l’horizon…   Le narrateur, pompiste, est installé là au comptoir, et les clients vont chercher un café au distributeur, des sandwiches, boissons, revues, pendant que lui observe, ou regarde pour la millième fois Mad Max ou d’autres de ses films préférés sur un petit téléviseur.

Il a ses idées sur ses clients habituels. Ce qu’ils font, disent ou ne disent pas.

«Je me dis que si la station-service explosait par accident, si je mourais sur mon lieu de travail et qu’un archéologue découvrait, dans cent ans, sur les ruines de son chantier, les morceaux de mon squelette d’athlète, mon crâne atypique, ma gourmette en or, à moitié calcinée, agrégée de pétrole et d’acier, il me déclarerait trésor national et je serais exposé au musée des Arts premiers.» Pour tromper l’ennui de son héros pompiste, Alexandre Labruffe multiplie les intrigues minimalistes, les fausses pistes accidentelles et les quiproquos érotiques. Comme s’il lui fallait sonder l’épicentre de la banalité contemporaine – un commerce en panne de sens, sinon d’essence – avant d’en extraire les matières premières d’une imagination déjantée. (..dit l’éditeur…)

J’aurais tant voulu être Baudrillard. Courir nu dans les champs. (P. 33)

Moi j’ai eu l’impression de me retrouver dans un roman de Djian. Les premiers, les bons. (Il a arrêté d’être bon après « Échine »). On ne sait pas où on est. On pourrait être aux Etats-Unis. La vie n’est pas vraiment la vie. On rêve. On dirait la dernière station avant l’Apocalypse.

C’est un presque un génie de style, malheureusement il n’est pas Djian, ça se voit à pas mal de détails, par exemple l’histoire avec « la petite nipponne à vélo ».

Labruffe veut être Baudrillard, Djian voulait être Brautigan. Djian avec son Zone érogène, son 37,2 le matin, son Bleu comme l’enfer.

C’est la même ambiance ébauchée… ça pourrait aller plus loin que ces fragments..

Chroniques d’une station-service – Alexandre Labruffe, ed Verticales/Gallimard, Août 2019, 138 pages, 15€

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