Un livre qui m’a fait penser à celui de Nicolaia Rips’ Ici
Esther raconte sa vie de petite fille entre ses deux parents. Qui sont complêtement déjantés, on le découvre vite. Ils l’emmènent partout, même dans des soirées en discothèque où elle dort sagement sur une banquette.
Ses parents sont très francs avec elle, un peu trop, surtout quand ils font leur « gymnastique à deux » sur le clic-clac du salon pendant qu’elle regarde la télé dans sa chambre, (d’ailleurs elle dit qu’elle a été conçue en levrette, parce que c’est la position préférée de ses parents), ou lorsqu’ils se disputent.
Son papa, qu’elle appelle par son prénom, Patrick, travaille dans une banque. Il est juif mais pas Esther. Ni sa mère, Babeth, secrétaire de mairie, athée, et anticapitaliste. Elle explique à sa fille pourquoi il ne faut pas acheter de « marques », et les autres règles anticapitalistes.
Pendant qu’elles font leurs courses sans acheter de marques, Patrick se filme au camescope sur une petite scène au salon, et interprète Brel, habillé en Brassens. Il fait le bruitage des applaudissements, et ensuite lit des poèmes de son cru, qui lui arrachent des larmes. Le samedi suivant, la cassette est « retransmise » à la télé. Il a des tocs, il fait des listes et les déclame, sans arrêt.
Et en plus de tout, ses parents vivent nus.
Et lorsque Esther a 5 ans, un petit frère arrive, Jérémy, qui est roux pâle, yeux bleus et l’air tellement fragile qu’elle doute un peu de leur fraternité. Et ce frère ravive les rancoeurs entre les familles : Grand-Mère Suzie qui ne veut pas voir son gendre, qui voit peu sa fille Babeth. Fortunée, l’autre grand-mère, mère de Patrick et d’un certain nombre de filles, est, avec Isaac son mari, de ceux qui considèrent de Gaulle « comme un nazi » car ils ont dû quitter Souk-Ahras avec tout un tas d’amis, ces pieds-noirs n’aiment pas les « français ». C’est limite s’ils tolèrent que Patrick ait épousé une goy.
Patrick s’en fout, il aime Babeth et la religion il’s’en fout. Il ne pratique pas. Sauf qu’à la naissance de Jérémy, il décide de le faire circoncire et d’inviter un maximum de gens à la cérémonie, puis à un repas pantagruélique.
Et lorsque ses parents décident de mettre leurs enfants à l’École privée Catho Jeanne d’Arc, toutes les certitudes d’Esther, tout ce qu’elle savait par ses parents éclate. Elle va donc décider, à l’École, de s’appliquer, de ne jamais parler de ce qui se passe à la maison, et en cachette même, va s’inscrire au catéchisme… tout pour avoir un « cadre », des rêgles immuables, comme en grammaire, en orthographe, elle a besoin de ça….
Ce bouquin est hilarant. Les réflexions et réactions de cette petite fille, très mature, sont à mourir de rire. Elle raconte les faits et gestes de toute cette famille d’allumés avec un ton tellement docte que c’en est encore plus drôle. Le seul souci pour moi, c’est la fin, abrupte, en deux pages. Incompréhensible. Donc j’aime tout, sauf la fin. À ne pas rater !
La petite conformiste – Ingrid Seyman, ed Philippe Rey, 189 pages, 22 Août 2019, 17€
Il y a un petit côté qui me met mal à l’aise avec les parents, mais la petite fille semble être un personnage à découvrir 🙂
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Pour les parents, malheureusement on ne pige qu’à la dernière page…
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Ce côté déjanté et anticonformiste me plait bien !
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Ça vaut le coup, je pense !
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Je travaille avec des enfants et on dit souvent qu’ils sont très conformistes. On l’observe dans de nombreuses réactions.
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Ils ont besoin de cadres et de rituels sur lesquels il peuvent s’appuyer…. je suis éduc de jeunes enfants,
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À garder en tête pour offrir ! Ça a l’air génial.
Envoyé de mon iPhone
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[…] 19h Mélie et les livres La petite conformiste – Ingrid Seyman […]
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thanks for share
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Tiens tiens, ce livre était sur ma liste de rentrée mais je l’avais un peu oublié. Ta chronique me redonne envie, surtout si c’est hilarant !
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J’en garde un bon souvenir, oui !
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