Toulouse, au 3 bis rue Riquet, un immeuble banal
Au RDC : Cécile, traductrice, agoraphobe. quand elle ne guette pas les allées et venues dans le hall, elle s’invente d’autres vies.
Au 1er : Lucie, une trentenaire qui espère trouver le grand amour via Internet; en face Madeleine, dite la Comtesse des trottoirs, aux articulations et à la mémoire défaillantes mais à la langue bien pendue.
Au 2e, Marc, l’arriviste qui aimerait bien se débarasser de la vieille prostituée.
Tous ces gens se côtoient sans se voir.
Jusqu’au jour où la santé vacillante et les dangereuses fantaisies de Madeleine vont les obliger à franchir un palier pour lui prêter main-forte.
On découvre dès le début du livre une dispute entre Madeleine et Marc, dans les escaliers. Madeleine, la comtesse Mado des trottoirs, a connu ses heures de gloire dans le quartier. L’âge venu, il ne lui reste plus guère de clients et les fins de mois sont difficiles.Seul homme de l’immeuble, Marc est un quadragénaire arriviste qui a spéculé en achetant le dernier étage. La présence d’une prostituée qui travaille à domicile dérange ses plans, il aimerait bien s’en débarrasser.Mais la comtesse Mado a du répondant, et la crudité de son langage cloue le bec du jeune cadre sans scrupule.
J’ai acheté ce livre pour le début de la 4e de couverture (pour une fois) » Cécile, traductrice agoraphobe ». J’ai acheté direct, car je suis concernée.
En fait d’agoraphobie, elle se fait livrer tout ce dont elle a besoin (ça, c’est les grosses villes, parce que ici..). Elle ne peut pas franchir le seuil de sa porte, par contre elle espionne les gens qui entrent et sortent, et s’amuse sur des sites de rencontre jusqu’à l’inévitable non-présentation de Cécile au rendez-vous. Bizarre pour une agoraphobe de chercher quelqu’un qui entrerait chez elle. Et elle ouvre ses fenetres pour voir passer les gens ! Pour moi ce serait absolument impossible. Les sites de drague aussi !
Il faut que je dise, honnêteté oblige, que j’ai trouvé les dires et les faits de Madeleine très graveleux, c’est plus que « langage cru », vu dans une chronique, c’est bien plus que du langage fleuri. C’est carrément choquant dans un roman où on sent bien qu’on va s’y sentir bien, justement. Heureusement que les grossièretés disparaissent peu à peu, et là on commence à aimer Madeleine. Elle a 80 ans ! Franchement, ça me semble impossible qu’elle aille sur son coin de trottoir avec son rouge à lèvres et ses escarpins.. il y a des incohérences, à mon sens, dans pas mal de choses mais bon, on laisse venir. Car ce livre est très entraînant.
Les deux autres personnages, Marc et Lucie, sont carrément transparents.Tout va tourner autour de Madeleine, avec visiblement un but : faire réfléchir sur la vieillesse de ces dames, les conditions de vie sans rien, à part de vieux amants de temps en temps.
C’est un genre de feel good book, sans être gnan gnan, sans conseils d’un ton pompeux. L’écriture est très agréable, mis à part les quelques grossièretés de Madeleine (je dois être trop prude?)
C’est un livre qui vous réconcilie avec l’amitié et la gentillesse, dans ce monde de brutes.
3 bis, rue Riquet – Frédérique Le Romancer, Belfond 2018, J’ai Lu Mai 2019, 316 pages, 7,40€
Je ne connaissais pas, mais ça a l’air pas mal du tout puisqu’on a jamais trop d’amitié et de gentillesse dans sa vie 🙂
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