Heureusement que je ne lis pas les 4e de couverture, j’aurais été spoilée avant même d’ouvrir le livre. Ce qui n’empêche pas l’auteure, en fait, de faire de même plusieurs fois au cours du roman, histoire de relancer l’intérêt du lecteur. Ceci dit, il n’y a pas de raison, vous allez l’avoir, la 4e de couverture… et vous aurez une petite idée de la raison de ma détestation:
Lavinia a tout – la beauté, la richesse, les amis.
Louise n’a rien – ou presque.
Leur rencontre va sceller leurs destins – irrémédiablement
Les deux jeunes femmes, courant ensemble les soirées les plus prisées du gotha
new-yorkais, se jurent une amitié éternelle – à la vie, à la mort.
Louise sait que ça ne durera pas.
Lavinia, elle, ne sait pas que dans six mois, elle sera morte.
Mais vous et moi, nous le savons.
Portrait acide d’une amitié toxique au temps des réseaux sociaux, satire glaçante d’un monde de faux-semblants où les êtres n’existent qu’à travers leur image, Social Creature est un thriller psychologique à la mécanique implacable, qui dissèque avec une intelligence redoutable et réjouissante notre époque désenchantée.
Et en chapeau, en grosses lettres et en gras ; « Le chaînon manquant entre Bret Easton Ellis et Le Maitre des Illusions » (signé Emma Flint)
Rien que ça !!! Je m’attends à du grandiose.
L’histoire est dite par Louise, jeune femme de 28 ans, qui a fait des études de littérature dans une petite université publique, ce qui n’est pas reluisant sur un CV, et qui peine à boucler les fins de mois. Elle est arrivée à New York sans rien, a un minuscule studio et trois boulots : serveuse, quelques articles à faire pour un site internet connu, et en plus elle donne des cours de soutien à des jeunes qui préparent leur entrée à l’Université.
C’est comme ça qu’elle rencontre Lavinia, 23 ans une étudiante, fille d’une famille riche, et sa soeur Cordelia, 16 ans. En fait Lavinia a appelé Louise pour sa soeur, pendant qu’elle sort. Elles habitent un étage entier d’un immeuble cossu du quartier le plus chic de New-York. Louise n’a jamais vu une fille pareille, blonde, de la teinte qu’il faut, mince, habillée d’un fourreau entierement fait de plumes noires. Lavinia lui parle comme à une amie, crie « Selfiiiiieee » à longueur de temps, poste les photos sur Instagram, Facebook, lâche sans cesse des citations de grands poètes américains, elle est étudiante en littérature aussi, dans l’université la plus cotée du pays. Elle est dans l’exaltation constamment, et même dans l’exultation. Elle se prend d’amitié instantanément pour Louise, qui ne dit rien, on se demande à quoi elle pense, même.
Peu à peu Lavinia traine Louise dans ces fêtes, presque tous les soirs, dans des endroits très chics, ou secrets, dans des bibliothèques ou des librairies, à l’Opéra….. Ses amis sont des jeunes qui font les mêmes études, sont de bonnes familles, ou pour l’un d’eux, un père écrivain réputé, leur but est absolument de publier eux-mêmes. Ils se soûlent jusqu’au coma chaque soir, etprennent d’autres substances. Leurs lieux habituels sont des lieux hype et si possible hors de prix pour Louise, mais Lavinia paye pour Louise. Elle paye toujours. Elle emmêne Louise dans ses délires, Louise qui reste sur son quant-à soi. Jusqu’à ce qu’elle rencontre par hasard Rex, le séduisant ex-petit ami de Lavinia. Et là, ça dérape. Et non, je ne vous spoilerai pas la suite ! Plusieurs fois dans le bouquin l’auteure, au début de certains chapitre, prévient « Mais Louise sera plus forte que Lavinia », ce genre de phrases..
Ce que j’en ai pensé : Le début est cahotant. On nage dans les citations de Tennyson, et dans la première fête où Lavinia a emmené Louise, et l’auteure en profite pour poser les personnages. Ce n’est pas très réussi, on ne voit que Lavinia. Ensuite les endroits hype, les universités, les amis, tout ça est d’un compliqué à comprendre : je ne suis pas new-yorkaise, il y a des tas de lieux juste suggérés, des écrivains inconnus de moi, on dirait que ce bouquin est juste un « private joke » de l’auteur pour ses propres amis (voyez ci-dessous sa bio). La musique classique est très présente, c’est très souvent Wagner, parfois Lizt. Les soirées sont souvent glauquissimes. Il n’y a aucun élément autre que les fêtes et les soirées qui peuvent un peu nous parler du luxe promis, ni de « name dropping » comme chez Bret Easton Ellis, aucune marque de luxe, couturier, rien de ce côté-là, pourtant promis. Par contre on sent bien la manipulation chez Lavinia.. l’écriture est agréable, fluide, mais pour moi trop d’incohérences et d’absences de détails dans les scènes ont fini par m’ennuyer. Je n’ai lu la fin juste pour savoir « la fin ». Mon avis, c’est bof. Juste bof. Et ce n’est sûrement pas un thriller. Il y a un léger suspense, c’est tout.
L’auteure : Tara Isabella Burton est journaliste et auteure. Elle a suivi une ermite jusqu’au fin fond du Caucase, s’est vue offrir des talismans d’amour par des shamans turcs et a manifesté avec les prêcheurs de rue de Las Vegas. Elle collabore avec la National Geographic, The Wall Street Journal, la BBC etc. Docteur en théologie au Trinity College de l’Université d’Oxford, elle travaille comme rédactrice chargée de la rubrique « Religions » sur le site Vox. Auteure de non-fiction et nouvelliste, « Social Creature » (2018) est son premier roman.
Social Creature – Tara Isabella Burton, editions du Seuil, 370 pages, mars 2019, 19,90€
J’aime bien la cou. Pour le reste ça fait pas envie.
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*couv.
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Je pensais pouvoir avoir le plaisir de me glisser dans le luxe et les histoires de fifilles, pour une fois… ben non.
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La 4ème de cour semblait effectivement pleine de promesses. A te lire, c’est décevant. Pourtant le sujet est bel et bien un des sujets d’époque, « où les êtres n’existent qu’à travers leur image », souvent faussée en plus. Nous sommes manipulés par les informations, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche. Nous pensons être libres car nous avons accès à un tas d’informations, mais aussi tant de désinformations… Nous devons faire, en tant qu’adulte, super attention pour nos enfants.
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Je suis tout-à-fait d’accord avec toi. Mais je n’ai pas retrouvé beaucoup de passages qui mettaient ça en exergue, à part le constant partage de photos sur Instagram.. ça aurait pu être poussé..
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Merci, Mélie!
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