Le premier renne – Olivier Truc

J’ai découvert cet auteur, Olivier Truc, par un pur hasard en 2018. Avant que je n’ouvre mon blog. J’ai acheté un lot de « collectors » des Ed.Points et « Le Dernier Lapon » était dedans. J’ai découvert les Samis, les rennes, Klemet et Nina, de la Police des Rennes, et cette culture samie, le peuple natif de la Laponie. Quel immense source de curiosité que ce livre a ouverte en moi ! Même si les pages se décollaient sans arrêt et s’envolaient !
Mais j’ai malheureusement eu du mal avec le tome suivant, je n’ai pas réussi à rentrer dans le récit. Et en cette rentrée de Septembre 2024, j’ai acheté ce livre, ainsi que « Célèbre », de Maud Ventura, en espérant qu’ils me redonneraient le goût de reprendre mon blog, après le choc du dernier Jane Sautière. Mon écrivaine française favorite, aimée, mais dont le dernier livre « Ce qui nous était à venir » , arrivé en Avril, m’a scotchée. J’y arriverai, à chroniquer ce livre-là, j’y arriverai. Bon, on revient à Olivier Truc.

Le Premier renne m’a emportée tout de suite. Dès le début. Une jeune Samie, Anja, solitaire, déterminée, détestant les lois instaurées par les Suédois envers les éleveurs de rennes, a été contactée anonymement pour tuer un loup, qui menace les troupeaux et les jeunes faons de l’année, dont le marquage va commencer dans quelques jours. C’est Midsommar, bientôt tous les rennes du sameby vont être rassemblés dans d’immenses enclos pour que chaque éleveur puisse marquer SES faons à l’oreille, avec les marques familiales recensées depuis toujours. Anja, qui est du genre sniper, tue le loup à 200 mètres, et ensuite lui donne un nom, et se recueille à la façon Sami, confiant l’esprit de ce loup à ses ancêtres.
Klemet, de la police des loups, est sommé de trouver qui a tué ce loup, espèce protégée qu’il est interdit de tuer. Mais il a un souci. Un bébé-renne, qu’il a recueilli a bientôt un an, et il n’a pas le droit d’en avoir un. Il l’a confié à sa vieille amie Berit, qui le cache mais comment faire ? On est éleveur ou policier, pas les deux.
En France, Joseph Castanis devient fou de douleur. Éleveur de brebis, il n’en peut plus de ne plus dormir à cause des chiens qui protègent le troupeau face qux loups, , il se lève à chaque fois, mais ses brebis continuent à se faire dévorer, et les cadavres s’entassent sous le soleil de l’été, en attendant l’équarisseur. Son jeune berger, Samuel, n’en peut plus de voir son patron sombrer à force de ne pouvoir tuer les loups, espèce protégée. Il a une idée : il va l’envoyer en Laponie, un petit break, parce qu’il a entendu dire que les natifs samis « faisaient ce qu’ils voulaient » et tuaient les loups menaçant leurs troupeaux. Que Joseph aille tuer son loup là-bas, donc.

Dans les environs de Kiruna, tous les personnages vont se croiser et s’entremêler. Joseph tombe sur Anja, qui heureusement parle français, et elle est d’accord pour laider à tuer un loup. S’il est d’accord pour tuer un « loup à deux pattes ». En l’occurence son grand-oncle qui l’empêche de devenir éleveuse. Elle, Samie, a été èlevée par sa grand mère, qui est, on peut le dire, chamane. Anja a tout appris d’elle, Elena. Tout, les traditions, les secrets, les joïks. La culture Samie. Joseph, ancien prêtre, et Anja, formeront un improbable duo, mais se comprenant de mieux en mieux.
Mais ce jour-là, un terrible accident se produit : le train qui sort de la mine de terres rares tue plusieurs dizaines de rennes. Qui ont visiblement été attirés là. Pourquoi ? Qui ?
Entre les autorités officielles qui ne pensent qu’à s’enrichir en offrant de nouveaux territoires aux industriels voulant creuser dans les filons des terres rares, réduisant le territoire des rennes, nomades, et creusant dans ce qui est, dans les croyances samies, le territoire des defunts, car les esprits courent sous la terre et sous les montagnes, une guerre qui couve depuis des générations se fait de plus en plus visible. La foi des Suédois qui sont « de bons protestants », la foi partagée entre le Laestradisme luthérien et les traditions samies est contraire à ce qu’attendent les autorités Suédoises. Comment peut se positionner l’officielle Police des Rennes, dont Klemet, sami lui-même fait partie ?
Avec l’usage de plus en plus répandu des drones pour surveiller les mouvements des troupeaux de rennes, qui sont aussi utilisés pour surveiller les actions des uns et des autres, les « rebelles » comme les saboteurs des lignes ferroviaires transportant le fer extrait des mines, c’est une guerre d’usure. Et les soupçons se portent toujours sur les Samis. Alors que les journées ensoleillées durent 24h, chacun joue sa vie.

Avec des personnages vraiment attachants, des sujets comme l’écosystème, la destruction de territoires pour le profit d’industriels étrangers, la lutte d’une culture autochtone pour rester vivante, ce livre est passionnant. Et toujours instructif, ce que j’aime beaucoup. Ce livre est un véritable coup de coeur !


ma note : 5 sur 5

Le premier Renne – Olivier Truc, editions Métallié Noir, Septembre 2024, 525 pages.


7 commentaires

  1. Oh merci Mélie, pour ton article passionnant qui me donne envie d’ entrer dans l’univers de cet auteur !
    Ils sont fous ces suédois d’interdire aux policiers d’avoir un renne, c’est comme si chez nous un policier ne pouvait avoir une vache !
    Cette éternelle alliance du pouvoir et des destructeurs de la planète au nom du fric devrait être considérée comme un crime comme l’humanité et punie en conséquence.

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