
Son nom ne le montre pas, mais l’auteure, Emilie Querbalec, est née au Japon. Et c’est important à savoir, car l’histoire commence dans une ambiance très « japon ancestral ». En prologue, l’auteure explique la prononciation des noms en Tasaien. Car nous sommes dans un monde appelé Tasai. Kaori, jeune fille de seize ans lorsqu’on commence l’histoire, y vit avec sa grand-mère et ses autres mères. Nous sommes en l’an 13111 du calendrier A.S. ( on ne comprendra que plus tard ce que signifient ces initiales.).
Le décor est fantastiquement et incroyablement décrit, avec une grande délicatesse, les monts d’Automne enneigés, les jardins avec des galets blancs pour faire des sentiers très zen, les pagodes de cette couleur rouge foncé, les buissons de fleurs, les planchers, les portes coulissantes en papier de riz, les braseros, les charrettes à buffles comme seul moyen de se déplacer, les vêtements…
La grand-mère de Kaori est conteuse. Elle est d’une lignée de conteuses…et ce don est très rare et recherché. L’art de conter est le plus apprécié de tous les Arts. En général, on est conteuse de mère en fille, mais Kaori, à seize ans, n’a toujours pas ressenti le « Ravissement », c’est à dire le don du Dit. Car le Flux, à la fois divinité, religion, énergie vitale et règlement de vie, interdit la moindre écriture, pas d’écrits, de livres, tout doit passer par le Flux. Et les moines Talanké surveillent tout dans ce monde, et posséder un écrit, ou écrire, est puni de mort. Les conteurs se déplacent dans tout le pays, car c’est un spectacle aussi visuel avec des danseuses longuement formées à des postures et des gestes qui sont d’une tradition extrêmement respectée, une scénographie, accompagnées de la musique d’un risen, instrument à cordes. La troupe de chaque conteuse comprend un musicien et des danseuses, et la formation à chacun de ces arts est aussi dure que celle des Geishas que l’on connaît.
Mais Lasana, la grand-mère de Kaori, décède en lui laissant un héritage secret et dangereux : un tube de métal dans lequel il y a un rouleau de papier de riz, couvert de signes : c’est un écrit ! Dès ce moment, la vie de Kaori est en danger. La troupe, dissoute, n’existe plus et Kaori, qui est devenue danseuse, fait un long voyage en charette pour rejoindre une riche famille qui désire l’employer. Elle découvre les villages, elle qui n’avait vécu que dans les Monts d’Automne. La foule. La misère, les dangers. Et elle doit cacher absolument ce rouleau interdit. Son périple ne fait que commencer, elle doit aller jusqu’à la Capitale, Pavané, pour s’éloigner le plus possible des dangers, et de ce Flux qui est en fait synonyme de mort, pour elle.
Pendant ce périple, cette fuite en avant, elle découvre des mondes inconnus. Des nefs se déplacent dans le ciel. Des glisseurs(aeroglisseurs, je suppose), des étrangers aux cheveux bleus, une étrangère magnifique, pulpeuse, aux longs cheveux roux flamboyants, Dame Aymelin, qui porte un implant dans la nuque qui est le moyen par lequel le Flux passe. Elles voyageront ensemble. Par bateau à voiles, sur la mer Emeraude, pour aller sur l’autre continent, où il y a une « colonne ascensionnelle », qui inverse la gravité, afin de passer de l’autre côté du monde. (Une sorte de trou de ver).. les voyages peuvent prendre de 2heures à six siècle, pendant lesquels les passagers des vaisseaux peuvent se mettre en « stase » dans des caissons cryogéniques.
En passant par la colonne ascensionnelle, de nouvelles créatures , nouvelles pour Kaori, se pressent. Des robots, des machines droïdes, des Sylphes, et des I.A. étrangement métamorphes, et non dénués d’humour et aussi, de sentiments.
C’est une fresque flamboyante que l’auteur dévoile, délicate, sensuelle et étrange. Tant de mondes nouveaux, tant de personnages hauts en couleur, de façons de se déplacer, d’aventures et d’initiations pour la jeune héroïne, Kaori, et c’est par ses yeux que nous, lecteurs, découvrons cela. Avec un style précis et superbe, et pas du tout ampoulé, on est accrochés dès le début. Un livre foisonnant et passionnant.
Je remercie Gilles Dumay, directeur de la collection AMI pour sa confiance.
Quitter les monts d’Automne – Emilie Querbalec, editions Albin Michel Imaginaire, 440 pages, sortie prévue le 2 septembre 2020.
Merci Méliès, passionnant..
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Melie.. oh ces portables 🤷🏼♀️
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Pas grave ! 😛
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