Une bonne intention – Solène Bakowski

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Migraine ou pas, je me suis dit qu’il fallait faire cette chronique, et parler de mes ressentis lors de cette lecture d’avant-hier et hier, de cet étonnement énorme et cette détestation immédiate de cette écriture et de cette histoire. Alors que je n’avais acheté ce livre qu’à cause des critiques dithyrambiques sur Babelio. Or. Non. Non!  Bon, pour commencer, la 4e de couv, que du coup j’avais lue :

Résumé éditeur :« Tous passeront à côté du sacrifice de l’un, de la confiance aveugle de l’autre, tourneront le dos à cet amour dingue, car c’est de ça qu’il s’agit, cet amour inconditionnel d’un jeune homme pour une fillette qui écrivait des lettres, cet amour d’une petite fille pour le jeune homme qui savait lui inventer des histoires. » Mati a neuf ans. Elle a perdu sa maman. Son père s’enlise dans le deuil et sa grand-mère s’efforce, à sa manière, de recoller les morceaux. Un soir, la petite ne rentre pas de l’école. On imagine le pire, évidemment. Comment croire que tout, pourtant, partait d’une bonne intention ? »

Voilà. Ben non vous avez là le spoil de la 2e partie.

Dès le début, c’est pas prenant, c’est artificiel, c’est une bouillie de mots voulant faire « genre » mais qui reste une bouillie. Ça semble être des énormes efforts pour arriver à un style, mais désolée, ça ne prend pas. Ça m’énerve, c’est une auteure du Nord, qui est amie avec Amélie Antoine (qui, elle, est excellente dans ses thrillers).

On commence par une lettre à sa mère d’une petite Mati. Qui demande à sa mère si elle ne s’ennuie pas là haut, si elle s’est fait des amis au Grand Paradis Blanc, que c’est sa maitresse Magali qui lui a conseillé d’écrire pour calmer sa tristesse, parce que ça aide. 

Puis le roman s’ouvre, chapitres de mai 2004 (faut s’accrocher, c’est pas écrit gros, les dates, on repart parfois en 2003, ça se mélange),  la petite fille regarde la pluie la boue et les cailloux par la fenetre de sa chambre, « elle vogue sur la désespérante platitude des terrains adjacents »…. on l’appelle pour le goûter, c’est Eliane. Eliane regarde du coup par la fenetre, en fait Eliane c’est la grand-mère. Eliane déglutit et d’un mouvement ample du bras, rabat les voilages….[la fenetre..] expose les existences étriquées de la banlieue basse, les soupirs des pavillons identiques.. j’arrête de recopier ou je vais vous retrouver tous pendus. Ça donne envie, l’ambiance, hein ? Ben c’est ça tout du long. On voudrait savoir comment est la petite fille, comment est la grand-mère, grande, petite, jeune, vieille, brune, blonde, n’importe !! On ne saura rien. La petite fille, Mati, a 9 ans. Elle a des cheveux longs (ça, on ne le sait que 70 pages plus loin).. elle a un vélo, elle va a l’école seule à vélo, elle rentre seule. Elle semble triste. La grand-mère lui donne un chocolat chaud. On ne sait pas si la petite est chez sa grand-mère, ou si c’est sa grand-mère qui est chez eux. Elle et son père Nicolas. Et de Nicolas on ne saura rien, ni âge ni description. Eliane est appelée tout le temps « la sexagénaire »…. 

Eliane prend une bouffée d’air qu’elle accompagne d’un imperceptible gémissement. Cette maison respire la douleur. (Scusez, pas pu résister, j’ai encore recopié.  Faut que j’arrête, sinon je vous fais la moitié du bouquin.). Le père rentre triste, il parle tout seul à Karine ( on a le prénom de la mère enfin) décédée l’an dernier, il lui parle, il l’engueule, il fait ça dans sa voiture puis maintenant à la maison, quand sa fille est couchée. Et elle se releve, il crie sur sa fille aussi du coup, la renvoie se coucher. Mati est triste, elle croit que c’est sa faute (?).. le lendemain, elle ne rentre pas à la maison. Eliane ne la cherche pas, elle a peur, elle craint, elle tournoie (si, si), elle tournoiera pendant tout le roman jusqu’au bout, elle tournoie, elle ne sait pas si… elle appelle.. ou non la police, elle ne peut pas bien répondre aux questions, elle tournoie, elle ne peut pas leur montrer le papier qu’elle a trouvé dans la chambre de Nicolas, non, pas lui, non, pas le papier, etc etc pendant  71 pages ! Et vous savez quoi ? Le lecteur ne saura jamais ce qui était écrit sur le papier. Le père est alerté, Nicolas, donc, on dirait un fou dans les descriptions, ou un drogué, c’est loin d’etre clair, d’ailleurs il rentre dans un arbre, en sort (de l’arbre) et cherche sa fille alors que l’auteur le décrit quasi halluciné, puis il tombe dans le coma.(!!!).

Bon, ça c’était le début, la 2e partie vous l’avez en 4e de couverture, Mati finalement met ses lettres à la poste, elles sont lues puis guettées par un « jeune adulte » légèrement handicapé qui est affecté au tri postal, lui aussi est malheureux, ….et… il lui répond  que sa maman va bien, il a vu l’adresse au dos. Il guette l’enfant, se fait connaître, ils parlent un peu, il décide de la « sauver » et l’emmène à mobylette dans une forêt. Il ne se passera rien de répréhensible, l’auteure insiste lourdement là-dessus, déjà que tout le roman est dans une ambiance glauque, de par les descriptions d’une tristesse infinie sur la pluie, la saleté, les pavillons, la maison, la tristesse, la douleur, jamais rien de clair, jamais d’éclaircies ni d’éclaircissements, zéro description des personnages (mati, grand-mère, père, oncle, grand-père, Rémi) que dalle, nada, alors là c’est la plongée en apnée dans le glauque dégoulinant, car les policiers tuent l’homme, et Mati est emmenée à l’hôpital, on l’examine, gros plan sur le nombre de personnes dans la salle d’examen, sur l’outillage nécéssaire à la recherche de lésions etc. OUFFFF. Lourd. Vous l’aurez compris, l’auteure Solène Bakowski va là nous coller l’image du viol par la medecine hospitalière dans j’imagine quand même un service dédié à ce genre de choses, et par contre encourager le fait de laisser des fillettes vivre leurs rêves en suivant un inconnu dans la rue. 

Je suis outrée, j’ai été outrée. J’ai bossé et encore il y a peu dans un quartier dit sensible. Je fais ce métier depuis toujours. J’en ai vu, et entendu, des choses. Mais là ! Tout ce qu’on espère qu’un enfant ne fera pas, l’auteure l’encense. C’est…. je ne sais pas comment lui est venue cette idée du viol par hôpital et de la vie d’un enfant malheureux mais enlevé pour vie meilleure, faut pas pousser ! 

Déjà que le style était atroce comme du vieux café réchauffé qu’on présente comme du tout frais, une bouillie de tournoiements, on n’est pas pris par l’histoire, noyée qu’elle est dans les visions délavées noyées hallucinées que l’auteure prête à ses personnages, la non-possibilité de comprendre ni de connaitre les personnages, la fin dont on sait parfaitement dès le début ce que ça va donner, et la coupable on la connait dès les premieres pages. 

JE DÉTESTE. JE SUIS OUTRÉE.

Une bonne intention – Solène Bakowski, ed Bragelonne Poche, Juillet 2019, 8,90€

La couverture est mignonne, mais c’est un enfant de 3 ans. La fillette du roman a 9 ans.

 

 

12 commentaires

    • Ça, et en plus je le redoutais… tu te souviens ta chronique Avec Elle/Sans Elle ? Moitié Amélie Antoine, Moitié Solène Bakowski ? Je l’avais acheté, et préféré le « Sans Elle » d’A. Antoine. Donc ce n’est pas une colère aveugle non plus, j’ai lu DEUX de ses romans, donc. Et j’argumente (même un peu trop à mon avis. Pour me sortir de ce truc, heureusement que j’avais le 2eme de Cara Hunter (j’ai chroniqué ces jours-ci « Sous nos yeux », son 1er.)

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