Salut à toi Ô mon frère – Marin Ledun

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La grouillante et fantasque tribu Mabille-Pons : Charles clerc de notaire pacifiste, Adélaïde infirmière anarchiste et excentrique. Les enfants libres et grands, trois adoptés. Le quotidien comme la bourrasque d’une fantaisie bien peu militaire.
Jusqu’à ce 20 mars 2017, premier jour du printemps, où le petit dernier manque à l’appel. Gus, l’incurable gentil, le bouc émissaire professionnel a disparu et se retrouve accusé du braquage d’un bureau de tabac, mettant Tournon en émoi.
Branle-bas de combat de la smala ! Il faut faire grappe, retrouver Gus, fourbir les armes des faibles, défaire le racisme ordinaire de la petite ville bien mal pensante, lutter pour le droit au désordre, mobiliser pour l’innocenter, lui ô notre frère.

Je pense que pour le coup, les moins de 30 ans peuvent aimer. Qu’éditer ce roman en Série Noire m’étonne un peu, avec un ou deux retraits, c’était impec pour une édition Jeunesse.

Parce que l’intrigue policière, on ne la cherche pas, sauf au tout début. Le roman ne démarre qu’à la page 33, je veux dire, l’histoire. Et on sait immédiatement comment ça va finir. (Et c’est le cas, je suis allée au bout et c’est bien ça). On arrive de plain pied dans une maison qui se réveille, 8 personnes plus un chien et deux chats, et ça démarre sur les chapeaux de roues, même un peu trop sur les chapeaux de roues :  on est perdus dès le début dans tous les personnages. La narratrice. Rosa, 20 ans,  parle en usant le plus possible de périphrases, de paraboles et d’hyperboles, de synonymes à foison pour décrire une chose qui peut être dite en 3 mots (au moins, on entrerait dans l’intrigue un peu plus vite). Si ce n’était que ça ! Mais non ! Tout, absolument tout est accompagné de références, le titre lui-même en est une, pour ceux qui n’auraient pas vécu dans le monde keupon, rock ou même… : personne n’ignore les Bérurier Noir. Bon, ceci dit il n’y a pas qu’eux, on se tape des phrases de Marilyn Manson, des Bee Gees, de Barbara Cartland, de Metallica, Korn, etc je ne vais pas faire la liste. Question lectures, poèmes et écrivains, le livre en déborde pratiquement, de Rabelais à Gérard de Nerval, de Montaigne à Ionesco, etc. (J’en peux plus déjà) et question cinéma, les références sont plus que multiples, avec scène, tirade, nom du personnage et du réalisateur (oui de temps en temps on a les 4 à la fois…).  Et la vie échevelée de cette tribu que l’auteur lui-mème dans ce roman rapprochera de la famille Malaussène de Daniel Pennac.

Beaucoup de lecteurs sur Babelio ont aussi noté cette hyper ressemblance.

Alors, les bons côtés : c’est joyeux, dynamique, et si vous n’aimez pas les romans noirs ou les romans policiers, vous serez gâté : ce roman n’est ni l’un ni l’autre.

Le ton. À cette dose-là, ce n’est plus de l’humour, c’est du matraquage. J’ai souri une fois. À un moment où justement c’était comique mais visiblement pas voulu.

Le style. Artificiel, tant de références sans arrêt, de périphrases humoristique, c’est juste plombant.

Mais …Il y a une volonté de lutter contre le racisme, pendant tout le roman, et pour tous les âges. Et un grand amour de la famille, et par-dessus tout, la liberté d’expression.

Des personnes sur Babélio ont beaucoup aimé. Ça veut sûrement dire que je dois être hyper difficile, ou alors que mes choix d’achat se portent souvent sur des rossignols.

 

Salut à toi Ô mon frère – Marin Ledun, ed Gallimard Série Noire, 275 pages, 2018, 19€ vient de sortir en pocket.

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