Emma – Jane Austen

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« Le destin n’y est pour rien. Si les couples se font et se défont, dans le petit bourg de Highbury, c’est qu’ Emma s’est improvisée entremetteuse. Il est bien plus distrayant, pour une jeune femme accomplie, de s’immiscer dans les affaires matrimoniales des autres plutôt que de chercher un mari. À moins de se retrouver prise malgré soi à son propre jeu…

Orpheline de mère, seule auprès d’un père en mauvaise santé, Emma Woodhouse, désormais la maîtresse de maison, s’est mis en tête de marier Harriet Smith, une jeune fille qu’elle a recueillie chez elle. Ce faisant, ne s’est-elle pas attribué un rôle qui n’est pas (ou pas encore) pour elle ? Son inexpérience des cœurs et des êtres, ses propres émotions amoureuses, qu’elle ne sait guère interpréter ou traduire, lui vaudront bien des déconvenues et des découvertes. » ( présentation Editeur)

 

J’ai craqué. Après Orgueil et Préjugés, j’ai lu Emma. C’était teeeeellement long que pour finir la deuxième moitié, il m’a fallu toute une nuit. Mais ça c’est mon obsession à vouloir terminer un bouquin avant d’en commencer un autre. Je pense que ça doit être un livre à lire tranquillement dans un jardin, l’été, ou près d’une fenêtre dans un grand fauteuil, quand il fait très moche. Avec des bougies qui sentent bon ( je recommande les bougies Dyptique..) ……. Bref. Je l’ai lu il y a 3 nuits, et l’ambiance m’est restée bizarrement dans la tête.

Une certaine Sophie Carmona Castanie m’a un peu poussée à revoir mes hésitations concernant les romans de Jane Austen. Et hier j’ai regardé Raison et Sentiments, adapté par Emma Thompson qui, je pense, est une grande amatrice de Jane Austen, film réalisé par Ang Lee, film qui nous épargne tous la lecture du roman « éponyme »; et qui fort heureusement nous débarassait des compliments et minauderies que les hommes semblent dans l’obligation de dire lorsqu’une femme les intéresse. Ou l’argent. Et l’on employait plus les prénoms que les noms de famille.

Dans les deux romans de Jane Austen que j’ai lus, on appelle les gens par leur nom de famille. Emma est Miss Woodhouse. Elle a un ami et un beau-frère qui s’appellent tous les deux Mr Kingsley. « Eh bien bonjour Mr Kingsley, avez vous des nouvelles de Mr Kingsley ?  » Les époux en public s’appellent entre eux Mr Elton et Mrs Elton. La gouvernante d’Emma est Miss Taylor et s’est juste mariée, du jour au lendemain c’est Mrs Weston. Même si on est totalement perdus.

Nous sommes dans un monde où marcher sous la pluie est une folie, attaper un rhume vous fait garder le lit pendant 15 jours, une peine de coeur vous amène à une mort certaine.

Comme dans Orgueil et Préjugés, la chose la  plus importante pour les femmes est le mariage, surtout avec un homme de leur classe sociale, et qui a de la fortune. Un legs, des rentes, un domaine. Les commérages aussi, et l’argent, il en faut. Beaucoup de jeunes filles sont sans dot.  Ce n’est pas le cas d’Emma Woodhouse, qui va se croire obligée de trouver un « bon mari » à Miss Harriet Smith. Un homme de son rang. Pas le jeune fermier dont elle est amoureuse, et Emma va jusqu’à obliger Harriet à décliner sa demande en mariage. Ensuite elle va essayer de la pousser dans les bras d’un homme tellement collant, mielleux et attentionné, pas avare de mille compliments, qui vient de recevoir une cure, une parroisse à gerer, et les rentes des « pasteurs » même s’ils ne sont pas ordonnés, sont très satisfaisantes, car offertes par le Lord du coin. Cet homme obséquieux va un jour déjouer tous les plans d’Emma : c’est d’elle qu’il est amoureux, et non de cette Harriet qui n’a point de dot ni beaucoup d’instruction. 

Emma a décidé de ne pas se marier : son père déteste le mauvais temps, a peur de tout, ne veut pas de nouveautés chez lui, il est un peu agoraphobe et se croit en danger, avec toutes ces maladies. Mais ça n’empêche pas Emma d’essayer de marier ses congénères.

C’est malgré les mille conversations, réflexions, courriers de part et d’autre, protestations d’amitié, vieilles pies qui disent tout ce qui leur passe par la tête, souvent des racontars glanés chez les commerçants, qu’on se laisse prendre au charme désuet de ces livres, décrivant la vie des femmes de la gentry, sous le joug d’un père, d’un oncle, d’un mari et parfois du village entier.. La vie de femmes réfléchies et de femmes parfois idiotes ou méchantes, souvent décrites avec une ironie bien distrayante. Je m’y fais donc bien, à Jane Austen, dirait-on….

 

Emma – Jane Austen , ed 10/18, 557 pages, publié vers 1810 en Angleterre, pour 10/18 en 1996, constamment réédité.

 

 

9 commentaires

    • Bon. Si c’est ça, je te fais confiance, je ne m’acharne pas. J’ai lu Northanger Abbey, pas mal, mais surtout très critique pour l’époque, dans ce milieu-là. Et je me demande vraiment si à la même époque, en France, il y avait tout autant de romans disponibles pour les femmes et les jeunes filles.. j’ai bien peur que l’Eglise Catholique les ait interdits, voire banni l’auteur… je ne sais pas, je ne vois pas les romans d’une femme en France fin des années 1700…..

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      • Ça arrive bien plus tardivement, mais c’est finalement ce que nous raconte Flaubert dans Madame Bovary, les livres interdits que l’on se « passait sous le manteau » dans les couvents et qui faisaient rêver les jeunes filles, pour le meilleur mais surtout pour le pire en ce qui concerne Emma Bovary.
        Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il est vrai que les femmes se faisaient souvent publier anonymement, à l’image de Madame de LaFayette. J’ai un ouvrage collectif qui recueille les écrits des femmes au XVIIIe siècle qui s’intitule tout simplement « Romans de femmes du XVIIIe siècle » dans lequel on trouve justement ces écrits de femmes oubliés, si jamais tu veux découvrir cette littérature féminine 🙂

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  1. J’ai toujours un peu de mal avec les noms des gens dans les romans de Jane Austen, il y a toujours au moins un moment où je suis un peu perdue à me dire « non, mais attends, on parle de qui là, c’est le cousin, le frère, le mari ? je ne sais plus ». Mais j’adore vraiment cette auteure.

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    • Oh moi aussi je m’y perds ! Surtout lorsqu’il y a 3 soeurs et que les deux plus jeunes sont appelées par leur prénom, et l’ainée « Miss Dashwood », par exemple, ou qu’à peine mariée on appelle la jeune fille par son nom de femme mariée.. J’ai découvert Jane Austen il y a environ un mois, et j’ai vraiment aimé, dans le genre surranné et dentelles..

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