Objets inanimés, avez-vous donc une âme? demandait Lamartine… S’il vivait de nos jours, l’auteur des Harmonies poétiques ne poserait plus la question. Ce qu’on pouvait prendre pour une expression métaphorique est aujourd’hui une quasi-certitude : oui, les objets ont une âme et celle-ci n’est pas toujours très pure. Sinon, comment expliquerait-on qu’un aspirateur refuse soudain d’avaler son fil rétractable, qu’un T-shirt se mette à « vriller » dès le premier lavage ou que des boutons se décousent sur un vêtement qui sort de l’atelier ? Nous avons du mal à croire qu’il s’agit de défaillances accidentelles et non de comportements malins.
Nous pourrions citer l’agrafeuse qui se détraque, la carte routière qui met une mauvaise volonté évidente à se replier, le soutien-gorge à balconnet dont l’armature blesse les trésors qu’il doit protéger…
Faute de place pour tous les accueillir, nous avons sélectionné 50 objets usuels. À l’image du sparadrap du Capitaine Haddock, certains nous collent à la peau de toute éternité, d’autres ont grandi avec l’air du temps et nous obligent à inventer pour eux de nouveaux gestes. Finalement, que faut-il préférer ? Une chais longue sans génie dont la sotte manie consiste à nous coincer les doigts ou une cabine de douche sophistiquée et dotée d’un QI surpuissant ? ( extrait de la préface)
« Une fourchette pour analyser nos repas, un bracelet pour contrôler le fonctionnement de nos organes, bientôt une voiture qui se conduit toute seule… Plus intelligents les uns que les autres – et que nous-mêmes, bien entendu –, les objets connectés font tout à notre place.
Dans la bande des cinquante interpellés ici, les plus énervants ne sont pas les moins astucieux, ce serait trop simple. Chaque objet possède sa manière, subtile ou primaire, de nous faire enrager, d’imposer sa loi et (c’est un comble) de faire de nous sa chose. »
Mon avis : Je ne vais pas vous citer les objets qui font chacun l’objet d’un procès dans ce livre, car le fait même de les découvrir fait partie du plaisir de la lecture de ce livre. C’est réjouissant, distrayant, et en même temps cela nous amène à réfléchir à nos choses. Notre société de consommation est ainsi jugée, c’est drôle et bien écrit.
Procès du grille-pain et autres objets qui nous tapent sur les nerfs – Charles Haquet et Bernard Lalanne, 200 pages, Mercure de France puis Folio, novembre 2017
Une idée vraiment originale…
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