Chroniques du Désordre – Teresa Cremisi


J’ai choisi et reçu ce livre à l’occasion d’une opération Masse Critique Babelio, en partenariat avec les Editions Gallimard Folio Actuel.

Depuis 2018, Teresa Cremisi écrit toutes les semaines dans le Journal du Dimanche une chronique appelée « Ma tasse de café ». Les 100 textes choisis et présentés dans ce recueil sont autant de petits hublots sur notre époque. Elle y attrape l’air du temps avec une gravité espiègle qui s’adapte aux sujets les plus variés Des histoires proches et lointaines (presque de petits récits) alternent avec des réactions à l’actualité politique et sociale ; les clichés, les ridicules, les tics de langage de nos contemporains sont racontés avec amusement et en évitant tout dogmatisme.

Oh que voici un livre réjouissant ! Des chroniques bien troussées, documentées, sur les petits tracas, les horribles nouveautés du vocabulaire médiatique, des petits faits divers que Teresa Cremisi a trouvés aussi bien dans des journaux Français qu’Italiens ou Britanniques.. Ces chroniques sont placées à rebours, allant des plus récentes, 2021, jusqu’à celles de 2018. Cela va des maux et des mots de notre temps jusqu’à AirBnb et sa révolution. On plonge dans les réflexions et analyses de « L’Affaire Daval », ou Jonathann et les trois mères. La sienne, sa belle-mère qu’il adore comme un enfant, et Alexia qui veut à tout prix être mère. « Le rôle maternel est central dans toute société, innombrables sont les histoires de mères dans les légendes des villes, des campagnes proches ou lointaines ».

Il y a des histoires étonnantes, découvertes dans le Corriere della Sera comme « la valise oubliée ».. Les scènes de vie au temps du Covid, l’Eloge de la nouvelle, et son espace narratif, Un sphynx à la Maison Blanche (hilarante description de Melania Trump), Les dilemmes des écolos, la Barbe d’Edouard Philippe, qui a tant fait parler, avec ce côté blanchissant, cent histoires drôles ou tristes, se concluant souvent par une citation ou un appel à nos grands penseurs classiques comme Voltaire, Pascal….. Il y a une « Lettre à Sibeth Ndiaye » avec ses interventions télévisées pénibles à regarder (elle en prend pour son grade..), le confinement, la mode des tatouages, Greta Thunberg, l’Art Moderne commémoratif (les Tulipes Géantes de Jeff Koons), le tableau « La fille au ballon » de Banksy qui s’autodétruit à moitié trois secondes après l’adjudication pour 1,2 millions d’euros chez Sotheby’s, Yann Moix et son livre Orléans, Les sourcils de la Joconde…. toutes ces petites chroniques sont acerbes, malicieuses, étonnantes, et parfois nous cueillent juste là où on voudrait râler avec elle. Les mots qui sont inventés, « être en situation » (de handicap, de précarité, etc) les mots ronflants pour « redéfinir le mot « musée », c’est hilarant à pleurer, insupportable, photo ci dessous :

Et là où j’ai trouvé une chronique qui reflétait tout à fait mon point de vue :  » Soupirs d’une féministe dépassée », Teresa Cremisi a dit tout haut ce que je pense tout bas depuis des années : c’est quoi cette soudaine idée de déformer la langue française au nom d’une idéologie, alors que toutes les modifications et changements se font seuls au cours de l’histoire ? Pourquoi cette soudaine idée reprise en choeur dans les médias : féminiser tous les noms de professions ? Il n’y a qu’elle et moi qui grinçons des dents à lire ou à entendre le nouveau mot « autrice » qui sonne tellement fabriqué, les « cheffes », les commandantes, les officières, et tant qu’on y est, les sapeuses pompières? Où est le sujet? L’Académie a à peine fait une démarche d’ouverture que tout le monde trouve un mot à féminiser, comme si il fallait rassurer les militantes ultra féministes ? « On n’invente pas les langues, on ne les déforme pas par idéologie, la société ne changera pas par magie si les mots prennent un suffixe en -euse, en eure ou en -trice. Les langues suivent une évolution qui trouve ses racines dans l’histoire ou l’inconscient des peuples »

Hourra, enfin ! Cette petite chronique de Teresa Crémisi est une de mes préférées. J’attends de voir dans le JDD si elle se fâche aussi, comme moi, à propos de l’écriture inclusive !
C’est réjouissant, c’est en Folio Actuel, sorti en mai 2021, « Chroniques du désordre ». 300 pages qui valent leur petit pesant d’euros : 7,50€ !

Je ne remercie pas WordPress pour l’inversion de la photo de couverture !!

9 commentaires

  1. je plussoie! j’ai le mot autrice en horreur il heurte mes oreilles alors je persiste avec auteure et cheffe c’est moche à regarder! et cela fait « au rabais » au passage
    ce n’est pas en féminisant les mots qu’on va améliorer le statut des femmes dans la société c’est se tromper de combat à mon avis du moins.
    Cela me rappelle les quelques seniors qui m’appelait doctoresse à mes débuts … Cela me faisait grincer des dents tant c’était moche. 🙂

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