Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu – Anjali Sachdeva

Ce livre est une petite merveille. D’ailleurs la couverture exprime tout-à fait ce qui attend le lecteur qui ouvrira ce recueil, ce sont des nouvelles, certes, mais ce sont surtout des mondes. Des vies.
J’ai ouvert ce livre sans connaître l’auteure, Anjali Sashdeva, sans savoir ce qui m’attendait. J’ai ouvert la première porte, et l’écriture, l’histoire m’a emportée. L’histoire de Sadie, visiblement au temps des pionniers, vivant seule et dans le noir, je l’ai comprise comme étant atteinte d’albinisme, je ne sais pas si c’est cela. Elle doit vivre la nuit, car ses yeux et sa peau sont fragiles. Et une nuit elle découvre un puits, un terrier, et comme Alice, elle arrive dans un monde différent, beau, et c’est l’émerveillement. Et aussi le tragique.

Il y a aussi l’histoire de Promise et Abika, deux adolescentes africaines enlevées dans leur école avec une centaine d’autres filles par un groupe armé d’islamistes extrémistes, certainement Boko Haram, et qui survivent au lavage de cerveau intensif, du genre des 99 noms qu’on donne à Allah qui doivent être appris par coeur, les prières, l’esclavagisme. Leur capacité de survie est due à la magie qu’elles apprennent pour domestiquer ces hommes, leur ôter tout pouvoir sur elles.

Il y a aussi ce pécheur, dur à la tâche, qui une nuit voit une sirène… et la beauté, l’émerveillement, la sensation d’être de deux mondes..

Ces neufs nouvelles qui parlent de magie, de force, de rêves, de souffrances aussi sont merveilleusement écrites. Des mondes qu’on peut voir, sentir, goûter. Ce sont aussi des épopées de vies incroyables, poétiques et dures à la fois. Les adjectifs qui me sont venus lors de ma lecture -d’une traite- de ce recueil, sont lumineux, somptueux, poétique, magique, étrange, comme les extraterrestres qui ont pris l’humanité sous leur coupe, et féminisme, tous ces récits, histoires, vies le sont.
J’ai dû relever la tête entre chaque nouvelle, pour reprendre mon souffle, et laisser glisser l’histoire en moi, l’intégrer, avant d’en ouvrir une autre.
Je crois que Anjali Sachdeva a indéniablement un don pour faire exister et vivre pour le lecteur ces vies, ces endroits, ces périodes, de la Renaissance à la Conquête de l’Ouest, le présent en Afrique, et le futur avec ses interrogations sur l’humanité. Une réussite incontestable.

Je remercie Francis Geffard, directeur de la collection « Terres d’Amérique » chez Albin Michel, pour m’avoir donné l’occasion de plonger dans cette merveille.

Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu – Anjali Sachdeva, ed Albin Michel collection « Terres d’Amériques », mars 2021, 288 pages. Traduction d’Hélène Fournier.

4 commentaires

  1. Je trouve ta chronique très belle et j’y souscris totalement. Ce recueil est une véritable pépite et c’est assurément une auteure à suivre de près. Elle excelle dans tous les styles ! Albin Michel et cette collection Terres d’Amérique sont formidables !🤩 J’ai publié mon retour tout à l’heure 😉

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