Shining – Stephen King

J’ai acheté plusieurs thrillers d’occasion, et tant que j’y étais, j’ai cherché des « Stephen King » que je n’aurais pas lus. (Yen a.). Surtout avec mon blocage pendant des années au vu des pavés voire des doubles pavés des Tommyknockers, Ça, etc. J’ai lâché l’auteur, je l’ai déjà raconté, et à part Misery et Salem, je l’ai oublié. Puis j’ai remis mon nez récemment dans ses romans, l’an dernier, je crois (flemme des lendemains de Noël pour aller vérifier ça dans les pages de mon blog). Me viennent « Carnets Noirs », « La Tempête du siècle », et c’est là que j’ai vraiment vu et compris l’amour que Stephen King avait pour ses personnages.

J’ai commencé « Dr Sleep », écrit en 2013, et je me suis bien rendue compte que non seulement c’était la suite de Shining, mais que je ne comprendrais pas tout si je ne lisais pas le roman culte Shining, écrit en 1979.. Que je n’avais ni lu ni vu au cinéma, étant donné que j’avais comme tout le monde été matraquée par les quelques images « emblématiques » du film de 1980, avec Jack Nicholson et Shelley Duvall, et il me semblait que c’était assez, et déjà trop pour moi.

La deuxième raison qui m’a amenée à lire Shining, c’est la préface de Stephen King au début de « Docteur Sleep » : en fait il a toujours détesté ce que Kubrick avait fait de son roman dans le film. Donc les images imprimées dans ma mémoire depuis des décennies, il faut les oublier. Oublier la tête de fou de Nicholson, la tête terrorisée de Shelley Duvall, le gamin sur son tricycle. Stephen King aime ses personnages. Pas Kubrick. Le personnage du père, Jack, n’est pas fou au départ. Loin de là. La mère, Wendy, est tout sauf cinglée. C’est l’hôtel Overlook qui est mauvais.

Dans le livre, en fait, Jack, le père, professeur dans un collège, a été renvoyé pour avoir battu au sang un de ses élèves, après l’avoir humilié en classe. Jack boit depuis son adolescence. Il écrit, aussi. Il est en train d’écrire une piece de théâtre, mais n’y arrive plus, tant il boit. Il a des accès de colère. Après plusieurs mois à ce régime, sans travail, sans argent, il fait des crises de rage dûes à sa consommation grandissante d’alcool et de médicaments. Un jour, il casse le bras de son fils Danny, quatre ans à l’époque. D’un coup, il décide d’arrêter. Il aime sa femme, il aime son fils, qui le lui rendent bien, et il ne rechute pas.
Enfin, un ami lui propose un travail de gardiennage dans un immense hôtel dans la montagne.. Pendant qu’il passe l’entretien avec le directeur de l’hôtel, sa femme et son fils, redoutent que « ça se passe mal ». Surtout le petit Danny, 5 ans. Il a peur que son père FASSE LE VILAIN. Comme lorsqu’il buvait trop. Il sent qu’entre ses parents le mot DIVORCE flotte, sans avoir été jamais prononcé. Il sait que son père veut arriver à écrire LA PIÈCE. Ces mots, il les entend sans le vouloir. Il sait ce que ressentent ses parents. Il sait qu’ils savent qu’il a Tony, un ami imaginaire, à qui il parle beaucoup. Mais il ne savent pas que Danny entend tout.
Le travail que son père a, finalement, décroché sans problème, est dans cet hôtel immense, l’Overlook, à des heures de route de Boulder, qui sera coupé du monde pendant les 6 mois de neige qui coupe routes et chemins. Ils vont vivre à trois dans ce luxueux hôtel, seuls, avec pour Jack juste quelques travaux si besoin, et surtout s’occuper de la chaudière, qui pourrait exploser tant elle est vieille. À leur arrivée, les derniers touristes sont en partance, le directeur fait visiter à Wendy et Jack les parties communes, et leur appartement à eux, et Danny fait la connaissance du cuisinier, un grand noir qui lui parle…. dans sa tête ! Et Danny lui répond de la même façon. Dick lui explique qu’il a « un don ». Comme lui. Sa grand-mère le lui a passé. Mais Danny n’y connait rien, alors Dick profite de ces deux heures pour lui expliquer ce qu’il sait, ce dont il faut se méfier, même s’il ne comprend pas tout maintenant. Il lui dit que l’hôtel est dangereux, mais ça devrait aller. Lui, Dick, part en Floride, mais si Danny a un gros souci, il suffit qu’il l’appelle très fort dans sa tête, Dick sautera dans le premier avion et viendra…

Tout va très bien au début, Jack a même pris le soin de n’avoir aucune sorte d’alcool à sa portée. Mais des choses bizarres se passent : l’ascenseur se met en route tout seul dans la nuit, et malgré les avertissements de Dick, Danny est incroyablement attiré par la chambre 217, et une force lui fait prendre la clé et y rentrer, en fait une femme en décomposition est dans la baignoire, et elle essaie de tuer l’enfant. Danny ne dit rien à son père, mais sa mère le fait parler, elle sent bien qu’il y a un problème… Jack, qui ne boit toujours pas, fait d’immenses efforts pendant des semaines, travaille sur sa pièce, mais il voit et entend des choses étranges….

En fait, voilà où le livre est très différent du film. Jack n’est pas fou, il le devient vers la page 300… Wendy n’est pas une jeune femme hystérique et idiote, c’est une femme aimante, une mère responsable, qui comprend peu à peu que son fils voit des choses que personne ne voit, et le conforte en lui faisant confiance, et ils se parlent.

Par rapport au film : l’enfant ne traine pas dans les couloirs, il n’a pas de tricycle, il ne voit pas de jumelles mortes (il n’y en n’a pas), la machine à écrire n’écrit rien de bizarre, il n’y a pas de rivières de sang qui sortent des ascenseurs, il n’y a pas de labyrinthe dehors, le père ne court pas pour tuer son fils, Jack ne se sert pas d’une hache mais d’un maillet de jeu de roque… une fois le livre terminé, j’ai regardé des extraits du film de Kubrick sur Youtube. Ça n’a rien à voir. Il y a une base, souvent trahie, et l’ambiance est totalement différente. Je vous disais que S. King aimait ses personnages. Ça se ressent. Dans le film, dieu seul sait ce que ressentait Kubrick pour eux !!

Lisez-le, pour voir…

Shining – Stephen King, 1979, 570 pages

10 commentaires

  1. je ne l’ai pas encore lu, je découvre Stephen King tranquillement j’ai aimé le film faute de mieux…
    J’essaierai d’enchaîner « Shining » et Dr Sleep » …
    j’ai bien aimé « 22/11/1963 » « La petite fille qui aimait Ton Gordon » mon 1er livre du King….

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  2. Fasciné par le film, je n’ai jamais tenté le livre. Et pourtant, comme tu l’écris très bien, c’est un tout autre traitement de l’histoire, deux œuvres parallèles qui se répondent de temps en temps.
    Je ne sais pas si Kubrick aime ses personnages, ce qui est certain, c’est que son idée d’adaptation l’emporte dans un univers mental aux confins de l’entendement. Dans le film, l’hôtel reprend vie à travers les apparitions de ses anciens occupants. Mais il est bien évidemment aussi un piège à l’image de ce labyrinthe que Kubrick invente à l’extérieur.

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  3. C’est son univers mental, à Kubrick, pas celui de King.. j’ai été surprise des décors lorsque j’ai regardé des extraits après coup. Tout l’environnement fait peur.. alors que pas dans le livre. Je pense que j’ai eu la chance de lire le bouquin sans avoir vu le film !

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