Mes vrais enfants – Jo Walton-« 

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Encore une fois, je m’auto-congratule de n’avoir pas lu la quatrième de couverture, qui, je viens le le voir, dévoile tout le mécanisme de l’intrigue. Si on pouvait juste surveiller de près la personne qui les écrit, ces 4e de couv’!! Ça commence à bien faire. Pourquoi ne pas faire comme pour les derniers Amélie Nothomb : juste une citation ?

L’histoire commence dans une maison de retraite anglaise. Une vieille dame, Patricia, qui doit avoir 88 ou 89 ans, pense-t’elle, se trouve assez confuse. Même sur sa feulle de soins au bout de son lit, il est même souvent écrit VC : Vraiment Confuse. C’est que Patricia le sait depuis des années, elle perd la mémoire. En ce moment, elle trouve que la maison de retraite est bizarre, parfois il y a un ascenseur, parfois il n’y a qu’un monte-charge. Parfois aussi le spectacle de la vue par la fenetre change. Aujourd’hui il y a un arbre. Pas l’autre fois… Et puis, elle s’en fait parce qu’elle adore ses enfants, petits enfants et arrière-petits-enfants, ils sont nombreux et sans compter les fausses couches. Elle sait qu’elle en a 9, d’enfants. Seulement quatre ont survécu. Mais parfois elle ne se souvient que de ss deux enfants qu’elle a eu sur le tard… mais… elle se sent confuse… lesquels sont les vrais ? Bon, on est en 2015, VC, la feuille le dit. Elle se souvient de sa belle enfance, de ses études à Oxford et là…. a-t-elle ou non fait un choix ? 

Puis le chapitre 2 : Patsy Cowan a sept ans, en cette année de 1933. Elle est à la plage avec son père et son grand frère, qui lui dit qu’à 13 ans il ira en pensionnat à Oxford, mais que sa soeur ne pourra pas. Parce qu’elle est une fille. En fait, à 13 ans Patsy se retrouve pensionnaire à Oxford, parce que c’est la guerre, parce qu’il y a moins d’hommes dans les écoles. C’est à la fin de sa scolarité qu’elle devra faire un choix,  Et voilà le point de divergence, qui fait basculer le roman dans l’uchronie.

On peut se repérer facilement dans les deux réalités car le nom de Patsy y est modifié : d’un côté Pat, de l’autre c’est  Trish. Les chapitres sont intitulés de l’un ou l’autre des noms, et de la période de temps (parfois, c’est un peu compliqué). On découvre alors deux vies totalement différentes de Patsy, car si dans l’une elle épouse un homme qu’elle ne connait qu’à peine, servira du moins une partie de son temps à faire des enfants alors qu’elle voulait enseigner ; dans l’autre vie elle est libre de continuer à travailler, partir en voyage, découvrir l’Italie..

De nombreuses qualités dans ce roman,  où l’on vit la vie de cette femme de deux côtés à la fois, en accéléré, mais toujours avec les mêmes points d’ancrage : l’amour des enfants, l’éducation, le féminisme, les associations féminines, le militantisme anti-nucléaire, les progrès de la science. Dans une réalité, les bombes nucléaires sont utilisées, les gens sont affolés par les nouvelles à la télé ; dans l’autre, où elle est mariée mais mal mariée, la paix règne, les progrès vont plus rapidement. Mais les thèmes majeurs : la tolérance, l’amour, le partage des biens, l’amour de l’art, la simplicité, les enfants qui courent partout, remplissent ce roman d’une chaleur peu commune.

il y a un peu de science-fiction à la fin, mais c’est vraiment un grand et beau roman, et les personnages sont attachants.

Mes vrais enfants – Jo Walton, Denoël 2017, Folio 2019, 425 pages

18 commentaires

  1. J’ai lu la quatrième de couverture mais je suis bien contente d’avoir une petite mémoire de ce côté-là 😉 Il est dans ma PAL et je compte le lire avant la fin de l’année. J’ai découvert Jo Walton avec « Morwenna » que j’ai beaucoup aimé.

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      • Tu ne peux pas reprocher à la 4ème de couv’ de dévoiler le mécanisme et dévoiler le mécanisme dans ta chronique !!! C’est le manque de cohérence que je souligne, après tu es maître chez toi, tu écris ce que tu veux… 😉

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      • Ben.. oui. C’est moi qui n’ai pas aim la 4e de couv. Moi moi moi, c’est ma faute, ma très grande faute, j’ai péché, visiblement. Mais parfois c’est difficile de CHRONIQUER sans dévoiler un peu pour mettre en appétit. Si ça n’a pas plu à Batcheva, c’est tant pis. Va voir un peu les chroniques sur le blog de Gromovar. Par exemple celle de « L’enfance attribuée » de UHL du Bélial’. Après tu me diras s’il n’a pas raconté et disséqué TOUT LE BOUQUIN. Alors zut, hein. On fait comme on veut, mais le plus souvent c’est comme on peut. Tu l’as lu et chroniqué, le Jo Walton, yogo ?

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      • Je ne lis jamais les chroniques des livres que je veux lire avant d’avoir lu le livre. Certains blogueurs qui font des billets longs et détaillés (Gromovar, Apophis, Feyd Rautha, Just a Word etc…) sont les plus intéressants mais aussi les plus spoilant. On se fait avoir une fois ou deux après il suffit de lire la conclusion de leur billet pour se faire une idée et revenir ensuite pour lire leur chronique.

        Oui lu, chroniqué et adoré (et sans spoilé, enfin je crois)

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  2. C’est marrant, je me serais posé la question dans l’autre sens : tout le monde le fait, pourquoi je le ferais ?

    Etre la énième copie n’a rien d’enthousiasmant, non ?! 😉

    Allez rdv sur ton prochain billet…

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  3. J’ai adoré ce livre. La structure, le ton, les dystopies, etc… les personnages sont attachants et c’est assez « passionnant » à suivre (enfin de ce que je me souviens ;-))
    C’est vraiment une chouette auteur que j’ai plaisir à suivre (même si son dernier me tente moins, j’aime bien quand elle donne dans le style de Mes vrais enfants).

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