Kukolka – Lana Lux

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Je suis quand même obligée de vous recopier la 4e de couverture, malgré le fait que l’éditeur ait utilisé le mot détesté : interlope.

Ce roman, d’ailleurs est du genre interlope, c’est à dire équivoque, suspect, qui provoque la méfiance, et caetera. Il a d’ailleurs fait débat et controverses en Allemagne (où vit l’auteure), en Angleterre et aux Pays Bas.

Résumé/4e de couverture :

« Dans un orphelinat d’Ukraine des années quatre-vingt-dix, Samira, sept ans, rencontre Marina. Samira, depuis longtemps victime de brimades à cause de sa peau mate de Tzigane, trouve en la blonde Marina une alliée inattendue. Aussi, lorsque sa seule amie est adoptée par un couple allemand, la petite Samira décide de la rejoindre à Berlin et prend la fuite. Elle est alors recueillie par un groupe de vagabonds, qui vivent dans une maison sans électricité, eau courante ni toilettes. Elle croit avoir enfin trouvé un refuge, malgré tout : elle dort sur son propre canapé, des amis plus âgés qu’elle lui apprennent la vie et on commence enfin à la remarquer, notamment Rocky, le seul vrai adulte de la bande. D’autant plus que ses yeux verts et sa voix enjôleuse font d’elle une mendiante très efficace. La fillette est loin d’imaginer que commence pour elle un long calvaire dans les milieux interlopes d’Europe de l’Est avant de pouvoir retrouver sa seule vraie famille : Marina. »

On découvre la petite Samira,7 ans, dans un orphelinat où l’a laissée son père, un orphelinat en Ukraine (l’auteure est Ukrainienne, mais a grandi en Allemagne avec ses parents exilés), et les craintes que l’on peut avoir envers ce genre d’établissements dans ce genre de pays s’avèrent réelles.. Peu de nourriture, brimades, peu d’hygiène, aucune éducation ni scolarité, et les maltraitances  sont le lot des petits orphelins.  Sauf le jour des visites. Le jour des visites, l’orphelinat est rutilant, les enfants sont propres, ils ont fait de beaux dessins pour décorer leur « coin »: des gens viennent adopter. De tous pays : France, Allemagne, Ukraine, Pologne même. La meilleure amie de Samira, Marina, a fait de très beaux dessins, et cette petite blonde bouclée aux yeux bleus et au grand sourire plaît à un couple Allemand. Il doit se passer 6 semaines, avant d’avoir les papiers pour emmener Marina.

C’est un drame pour les deux fillettes, et Marina promet qu’elle demandera à ses nouveaux parents de revenir adopter Samira…. Un peu plus tard, dans une lettre dictée à une institutrice russe de son école en Allemagne, Marina lui dit que ses parents vont sûrement venir la chercher elle aussi : elle a un lit où on peut tirer un deuxième lit dessous….. Mais Samira ne peut plus attendre : elle a été une fois de plus battue et laissée dans la buanderie glacée, elle a l’adresse de Marina, elle s’enfuit dans la nuit. Tout ce qu’elle veut, c’est aller en Allemagne.

Mais tout n’est pas si simple, lorsqu’on a faim et pas d’argent. Arrivée sans encombre à la Gare, elle n’a pas de quoi acheter un billet. Alors elle traine dans la gare, et un type d’une vingtaine d’années la repère. Il l’emmène dans sa maison où il accueille 8 enfants et ados, spécialisés en « nettoyage de sacs », ils ont tous leur spécialité pour voler portefeuilles et porte-monnaie. Tout doit revenir intégralement à Rocky, la contrepartie c’est la nourriture et le matelas. Et quelquefois plus que ça. Rocky lui a appris.

 Samira s’habitue, et tombe bientôt sur un autre genre d’homme. Beau, bien habillé, il y a l’électricité, le chauffage et l’eau chaude. À douze ans maintenant, Samira se sent amoureuse. Même quand cet homme l’enferme dans l’appartement des semaines entières. Même quand il l’amène chez des hommes qui jouent aux cartes, il dit qu’il a besoin qu’elle l’aide pour payer ses dettes…..

Mon avis : c’est un drôle de truc, ce livre. Parce que l’auteure arrive à nous faire entrer, depuis le début dans la peau de cette enfant, maltraitée mais sans qu’elle s’en rende tout-à fait compte. Elle apprend de sa vie de tous les jours avec le groupe d’ados avec lequel elle vit, leur quotidien devient le sien, et elle est tellement habituée qu’elle réagit peu à ce qui lui arrive, à elle. De même que ce qui lui arrive avec Dimitri, lui qui la viole et la prostitue à l’âge de 12 ans, elle en parle elle-même avec son ressenti. C’est violent, mais ça passe par le langage de cette petite, ce qui met une distance et ne nous met pas en situation de spectateur. On est abasourdi par la vie que mène ces enfants. Et l’on sait bien qu’il se passe ce genre de choses par là, dans certains pays de l’Est.. C’est un livre qu’on n’oublie pas.

 

Kukolka – Lana Lux, editions Denoël, 2019, 340 pages, 21,90€

 

 

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