Sur un parking de supermarché, dans un coin isolé, une femme se démaquille lentement, après s’être admirée une dernière fois dans le rétroviseur. Elle ôte son maquillage, et peu à peu Mathilda, la blonde incendiaire laisse la place à un homme, un visage d’homme, un corps d’homme : Laurent. C’est Laurent qui apparaît, finit d’ôter la perruque, la robe, les bas et les chaussures, les cache et s’habille avec ses vêtements de sport. Il arrête la musique, Mélody Garbot. Il faut rentrer à la maison.
Laurent n’est plus qu’à quelques rues de chez lui. Il ralentit, respire profondément. Je suis Laurent, faire semblant. Il tourne à droite, le portail est ouvert. La voiture roule sur le gravier. Il s’arrête, enclenche le frein à main et attend encore un peu. À cet instant, il aimerait se fondre dans le tissu du siège. Disparaître, puisque Mathilda n’est pas.
Laurent est marié depuis vingt ans. Laurent est père de deux ados, Thomas, 17 ans, Claire, 14 ans. Il aime Solange depuis le lycée, leur union est sans nuage, les enfants sont heureux, tout va bien. Tout va bien, sauf depuis quelques années, où Laurent se sent opressé, douloureux, et seul le sport et les entrainements à vélo le soulagent. Laurent cache un secret : il fréquente le ZanziBar, habillé en femme fatale, régulièrement, en prétextant des cours de sport. Il a des amies. Mais tout ça est secret. Laurent est une femme, il le sait, mais seul le ZanziBar est au courant… jusqu’au jour où sa femme, Solange, tombe sur quelques longs cheveux blonds, sous le lit. Et là, ce n’est pas d’une maîtresse qu’il va parler, mais de la femme en lui. Il dit tout, un soir, aux enfants. C’est le début.
Mon avis : Ce livre est très beau. Ce livre est délicat. Pour parler de ce sujet encore tabou, la transsexualité, l’auteure, délicatement, raconte l’homme, et la femme qui vit dans ce corps d’homme. Et les interrogations, la peine, la panique de l’épouse qui croit qu’un psy peut le « réparer », lui faire comprendre que ce n’est qu’une lubie. Les réactions des enfants devant cet aveu qui les dévaste. Ce roman d’amour, en somme, est passionnant, on le lit d’une traite, on est incapable de le lâcher. C’est aussi une ode à la tolérance, à l’amour, à l’humanité. Et je le recommande, ce fut une vraie découverte, magnifiquement servie par le style simple et si subtil de Léonor de Récondo.
Léonor de Récondo est violoniste et écrivain. « Rêves oubliés », « Pietra Viva » et « Amours » sont disponibles en Points.
Point Cardinal – Léonor de Récondo, 2017 Sandrine Wespieser Editeur, et maintenant chez Points, octobre 2018.
Je tiens à remercier les éditions Points pour cette magnifique découverte et ce premier partenariat.
Je l’avais lu à sa sortie car c’est un sujet auquel je suis sensible et j’avais trouvé que l’auteur l’abordait avec beaucoup de pudeur. Un coup de cœur !
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J’ai découvert l’auteure, je viens de commander deux autres livres d’elle !
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Celui-là il est dans ma liste de lectures ! Merci Mélie pour cet avis 🙂
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Merci de m’avoir lue !
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Je viens de lire votre chronique ….C’estbien mais …plus d' »outils » donnés au lecteur potentiel pour ressentir comment aborder cette dualité 😊☺😊😉😈Envoyé depuis mon appareil Samsung
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Oh ! Je ne voulais pas « spoiler » la lecture des futurs… surtout que le personnage principal ne ressent plus de dualité au moment où l’on fait sa connaissance, dès que la chose est dite…
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Oh une vraie claque, un coup de coeur pour moi, un texte magnifique =)
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Coup de coeur aussi : j’ai commandé deuc autres de ses livres !!
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[…] bulles de papier • Les lectures de Léon • Les livres jolis • La parenthèse de Céline • Mélie et les livres • Les fringales littéraires • Mumu dans le bocage • Le Dinoscope • En Quête littéraire […]
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